Dans le même temps que j’apprenais la mort de notre compagnon, parvenait sous mes yeux effarés le twitt incroyable de Jean-Yves Narquin se gaussant d’une maman tzigane qui venait de perdre son bébé de un mois de la mort subite du nourrisson, alors qu’elle était obligée de faire la quête sur le trottoir pour nourrir sa famille. Jean-Yves Narquin, pour ceux qui n’ont jamais entendu parlé de lui – et qu’ils se rassurent, ils n’ont visiblement rien perdu ! – est le maire FN de la commune de Villedieu-le-Château dans le Loir-et-Cher, candidat aux législatives de 2012 sous l’étiquette du Rassemblement Bleu Marine, et récemment nommé délégué général du dit Rassemblement. Celui-ci déclarait dans son twitt datant du 2 janvier 2015 au matin : « Un bébé meurt dans les bras de sa mère qui mendiait à Lille. Utiliser un bébé comme appât comprend des risques ». S’en suit un lien vers un article de Yahoo News intitulé :« Un bébé rom meurt dans les bras de sa mère qui mendiait à Lille ».
Je passerais sur la colère, le profond dégoût, et au fond la tristesse et la pitié que peuvent m’inspirer pour leur auteur des propos ainsi tellement chargés d’ignorance, d’idées préconçues, de bêtise, de frustration et de haine. Le compte Twitter de l’élu de la République n’est par ailleurs qu’un ramassis d’insultes souterraines et d’incitations à la haine du musulman et du tsigane. Sur le bébé tsigane, il va jusqu’à retweeter un internaute : « C’est fréquent d’utiliser un enfant ou un chien. Le but est d’attendrir le chaland ». Comme si la misère était un chapiteau à ciel ouvert et les miséreux acculés à faire la manche et à dormir dans la rue, des artistes se jouant de leur douleur comme d’un art pour divertir les spectateurs. Non, mais est-ce que tu vois le tableau ? Alors laisse moi te le peindre, ça donnerait à peu près ça : « Approchez mesdames et messieurs ! Approchez, approchez ! Venez voir le numéro des tsiganes discriminés dans toute l’Europe en raison de leur simple appartenance ethnique, admirez à quel point nous crévons de faim, nos enfants glacés par le froid de l’hiver dans nos bras ! Venez rire des fautes d’orthographes de nos pancartes maladroitement écrites sur des cartons ! Amusez vous de nous, raillez nous encore un peu avant que nous ne crèvions jusqu’au dernier ! Profitez mesdames et messieurs, nous ne sommes pas sûr d’être encore vivants pour pouvoir réitérer le spectacle l’année prochaine ! ». A vomir…
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