Le progrès ne s’arrête jamais. L’école, qui est déjà en voie de marchandisation conformément au plan stratégique élaboré par l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) [1], fait un pas de plus vers l’initiation au capitalisme de masse.
Dans le cadre de la « stratégie d’éducation financière » lancée par le Ministère de l’Économie en 2016, sous l’égide de Michel Sapin, la Banque de France va mettre à disposition dès la rentrée des vacances d’octobre des fiches pédagogiques clé en main à destination des professeurs des écoles et des professeurs de mathématiques. La Banque de France relaie déjà un grand nombre de documents et de textes explicitant la nécessité de faire entrer la finance et sa gestion comme une compétence vitale à acquérir de la part des citoyens, mais l’État n’est pas en reste, il suffit simplement de jeter un coup d’œil au site du gouvernement ou de lire le Rapport stratégie nationale en matière d’éducation financière [2]. L’idée est de proposer un enseignement d’éducation budgétaire et financière à tous les élèves.
Mme Micoleau-Marcel, de l’Institut pour l’éducation financière du public, explique le plan en ces termes [3] :
« Les modules de maths associent un exercice illustré par une question d’argent (ex : le coût d’un crédit, les intérêts sur un livret d’épargne) à une ou plusieurs fiches pédagogiques sur le sujet. Pour le primaire, des contenus transversaux ont aussi été élaborés, autour, par exemple de la littérature pour enfants, ou de projets de classe permettant de s’exercer à la tenue d’un budget. »
Pas encore une nouvelle matière à enseigner, donc, mais un premier pas vers le culte économique dès le plus jeune âge. La suite est déjà tracée : une formation initiale des enseignants faite par les directeurs de la Banque de France et la promotion de ces nouvelles ressources. Et bientôt une nouvelle compétence à ajouter au Socle Commun de Compétences, Connaissances et de Culture.
En tant qu’enseignante du primaire, il me reste deux choses à faire. Écrire des albums jeunesse autour de la notion de portefeuille financier (pour gagner ma vie autrement), et définitivement enterrer l’idée d’une éducation émancipatrice pour tous.
K.D