La Nouvelle République nous apprend que Jean Germain a signé, le 6 décembre, un arrêté interdisant sous peine d’amende :
"toute occupation abusive et prolongée des rues et autres dépendances domaniales, accompagnée ou non de sollicitations ou quêtes à l’égard des passants, accompagnée ou non de chiens, même tenus en laisse, lorsqu’elle est de nature à entraver la libre circulation des personnes, la commodité de passage et la sûreté dans les rues et autres dépendances susvisées."
Même s’il ne dit pas son nom, il s’agit bien d’un arrêté anti-mendicité. L’arrêté serait valide jusqu’au 15 janvier, et concernerait le centre-ville de Tours. Parce qu’il ne faudrait surtout pas que les braves gens qui viennent faire leurs courses de Noël soient mis mal à l’aise par la vision de la misère ambiante. La mairie n’a pas dépensé des fortunes en illuminations et sonorisation pour que les pauvres gâchent la fête.
On s’interroge quand même : est-ce que les parents d’élèves du collège Paul-Valéry, qui ont prévu de manifester samedi en centre-ville, se prendront tous une prune ? Ou est-ce que la police municipale se concentrera uniquement sur les individus les plus faibles et les plus isolés ?
Au lieu de chercher à satisfaire les commerçants qui craignent que leurs clients potentiels soient pris d’un accès de mauvaise conscience à la vue de la pauvreté régnante, le maire ferait mieux de renforcer les dispositifs locaux en matière d’aide sociale.
A ce propos, Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, déclarait en début d’année au journal La Croix :
"C’est une tentation facile d’effacer de notre vision ce que la société produit, mais les maires qui ont recours à cette solution se trompent de problème. Nous les encourageons à exercer leurs responsabilités en termes d’aide sociale."
De son côté, l’association Emmaüs a mis en ligne une vidéo pour rappeler que la pauvreté n’était pas un crime.
A noter qu’à droite, on déplorerait plutôt que ce type d’arrêté ne soit pas permanent, comme en témoigne ce tweet d’@EdithA_F, militante UMP de Tours.
Au Modem, même son de cloche avec Pierre Commandeur :
La mendicité agressive ou sous la menace d’un animal dangereux étant déjà réprimée (article L312-12-1 du code pénal), l’argument de la sécurité ne tient pas. A moins que la seule vue de la misère mette les gens en danger...
Affaire à suivre.