Nous sommes en juillet 1936 et la Catalogne dort encore. Bientôt, les 17 et 18, le soulèvement nationaliste met à mal la République Espagnole. Six jours plus tard, à Barcelone, la colonne « Sur-Ebro » commandée par Antonio Ortiz, quitte la ville pour combattre les phalangistes en Aragon. Bien sûr, le rôle des miliciens ne se limitera pas à tenir une arme : ce serait oublier l’expérimentation d’une vie nouvelle partout où ils s’arrêteront. Parmi les 2 000 hommes que compte la colonne, un compagnon de la CNT nous intéresse, Emilio Marco.
Né en 1921 à Falset (Catalogne), Emilio Marco combattra dans la centurie de Juan Peñalver, cénétiste de Sant Feliu de Llobregat pendant la Guerre d’Espagne. Alors que l’attentisme de l’Europe permet à Franco de faire main basse sur l’Espagne, il passe la frontière en 1939 et sera, comme beaucoup de compagnons, interné dans de nombreux camps. Anti-fasciste convaincu, il s’engagera rapidement dans la Résistance [1] . A la fin de la Seconde guerre mondiale, il s’intégrera petit à petit dans la société française et finira à Saint-Pierre-des-Corps où il militera jusqu’à sa mort le 30 janvier 2013.
Un ouvrage, principalement axé à la fois sur le projet de société communiste libertaire mais aussi sur la polémique, toujours entretenue aujourd’hui, sur une supposée cruauté spécifique des anarchistes espagnols, a été réalisé à l’aide des éclairages fournis par son témoignage ainsi que ceux de ses compagnons. Puisse cette mosaïque donner un peu à voir ce qui s’est joué au cours des luttes anticapitalistes dans les années trente en Espagne.
