L’émission est à écouter ici :
Extraits :
On a même l’impression de devenir paranoïaque... Tout est fait pour vous mettre dans des conditions où vous vous sentez inférieur et coupable. Je crois que ça les arrange, que les gens se disent : "C’est de ma faute". Les premières semaines où j’ai été licenciée, je me sentais vraiment coupable... J’ai pas fait ce qu’il fallait... J’aurais pas dû faire ça... On se sent vraiment coupable d’avoir été licencié comme ça. A 11 heures, ils me prévenaient que j’étais licenciée. Je n’avais même pas eu mon recommandé. On m’a raccompagné à mon vestiaire : "Vous videz votre vestiaire, et on vous raccompagne jusqu’à la porte." Et puis vous voyez vos collègues qui vous regardent partir, avec vos affaires sous le bras, comme un voleur qu’on raccompagne à la porte, quoi. Au bout de 13 ans. Ils appellent ça "le turn over".
Les heures sont dures. C’est ni plus ni moins que du travail à la chaîne. Les clients, les articles... Les journées de 3 heures, ça peut aller, mais quand c’est 8 heures à la suite, c’est moralement et physiquement très très dur. (...) On est surveillées avec des caméras. Pour aller faire une pause-pipi, faut faire sonner le téléphone et demander l’autorisation. Quand t’es pas bien, que t’es malade — parce que ça arrive, d’être malade — faut être souriante avec le client. Donc au bout de 6 ou 7 heures de travail à la chaîne, le sourire, t’as tendance à le perdre. Le salaire de misère, le travail qui est toujours le même, qui se répète à l’infini... C’est des journées très longues.