Des balades sur la Loire consacrées à la « découverte naturaliste », une initiation à la fabrication du pain, des ateliers dédiés à la cueillette, à la poterie, au théâtre ou à l’écriture, une présentation de plantes aromatiques, des récoltes de salades ou de miel... Le programme des animations proposées sur la plaine de la Gloriette, au sud du Cher, entre avril et décembre 2018, était alléchant. La métropole y a mis fin le 30 mai.
« Nous ne sommes plus en mesure de financer ces deux programmes »
Ce jour-là, dans un mail intitulé « ANNULATION Programme TOUT PUBLIC et SCOLAIRE 2018 », Léonie Doron, coordinatrice de l’équipe d’animation et chargée de la programmation de la Gloriette, annonce à une trentaine de partenaires :
« C’est avec une immense tristesse et désarroi que je dois vous annoncer la fin , l’arrêt des programmes tout public et scolaires pour cette année 2018. Nous avons appris aujourd’hui que les budgets de la Gloriette avaient été imputés si fortement que nous ne sommes plus en mesure de financer ces deux programmes. Concrètement à partir d’aujourd’hui et jusqu’à décembre 2018, l’ensemble des animations scolaires et tout public sont annulées. »
Parmi les destinataires de ce mail, on trouve des associations comme La Rabouilleuse, Biodivercity, Ciné Off, le Repair Café de Tours ou Couleurs Sauvages. Non seulement ces associations voient leurs programmes bousculés au dernier moment, mais cette annulation représente aussi une perte de revenus et de visibilité pour des structures qui sont déjà confrontées à un contexte extrêmement difficile fait de baisses de subventions et de suppressions d’emplois aidés.
A l’échelle de l’agglomération, la Gloriette avait été choisie comme LE lieu de l’éducation à l’environnement, avec des animations grands publics et des animations adaptées aux scolaires. L’arrêt brutal des conventions d’animation avec les associations locales met simplement fin à toute politique d’éducation à l’environnement. Elle était pourtant présentée comme un volet phare de l’action de la métropole pour « limiter les conséquences du changement climatique » [1]. Une fois encore, les préoccupations écologiques sont sacrifiées sur l’autel de l’austérité.
Derrière les contraintes budgétaires, des choix politiques
L’arrêt brutal des animations est la conséquence de la politique impulsée par le gouvernement d’Édouard Philippe, qui met les collectivités locales au régime sec : la loi de programmation des finances publiques du 23 janvier 2018 exige d’elles qu’elles réalisent 13 milliards d’euros d’économies d’ici 2022. Sous prétexte de « redresser les comptes publics », l’État réclame des coupes franches dans les services aux populations.
Cette réduction imposée des dépenses des collectivités locales passe notamment par un système de contractualisation : les collectivités les plus importantes doivent s’engager à ne pas augmenter leur budget de fonctionnement de plus de 1,2%, inflation comprise, sous peine d’être sanctionnées. Le problème, c’est que ce qui ressemble à un appel à la modération se traduit en réalité par une obligation à couper dans les budgets. Pour la métropole de Tours, les coupes à réaliser sur le budget de fonctionnement s’élèvent à 4,5 millions d’euros [2].
Autre problème : la manne promise par l’Etat suite à la transformation de l’agglomération en métropole a largement diminué. Sur les dix millions d’euros annoncés, seuls deux ont été versés. C’est ce qu’évoque la responsable des animations de la Gloriette dans son mail aux associations :
« Pour votre information, c’est l’ensemble des services de la Métropole qui sont touchés. Ces imputations sont dues essentiellement au non versement par l’État des dotations prévues lorsque Tour(s)Plus est passé en Métropole en 2017. Sur les 10 millions , seulement 2 millions ont été versés à la Métropole, d’où l’incapacité et l’insuffisance financière qui en résulte… »
Pour arriver à un résultat présentable, la métropole a donc dû effectuer des choix, en coupant dans certaines politiques, comme l’éducation à l’environnement. Parallèlement, les élus métropolitains ont décidé d’augmenter la subvention versée chaque année au syndicat mixte qui gère l’aéroport de Tours. L’environnement attendra.