Investiture du candidat UMP aux régionales : choisir entre FN ou FN

Le jeudi 16 avril, l’UMP a choisi son candidat pour les élections régionales en région Centre - Val-de-Loire. La commission nationale d’investiture avait le choix entre Hervé Novelli et Guillaume Peltier, soit deux types issus du Front National. Sans surprise, c’est donc un ex-FN qui représentera le parti en décembre 2015.

C’est donc Guillaume Peltier qui devrait être candidat de l’UMP aux élections régionales en région Centre (sous réserve d’un accord avec l’UDI). Battu aux cantonales de 2011 à Tours-Sud, puis aux législatives de 2012 dans la première circonscription d’Indre-et-Loire (face à Jean-Patrick Gille), Peltier est désormais maire de Neung-sur-Beuvron, petite commune du Loir-et-Cher.

Dans un article de 2006, Libération décrivait son parcours à l’extrême-droite :

« [Il] avoue avoir assisté aux meetings de tous les candidats de la présidentielle de 1995 avant d’arrêter son choix sur Jean-Marie Le Pen. « Ce qui m’a attiré dans son discours, c’est l’idée de Nation, de communauté », explique-t-il. [...] Le Pen et une certaine idée de la France l’amèneront logiquement dans les rangs du Front national de la jeunesse, la branche jeune du parti d’extrême droite, où il militera de 1996 à 1998 sans y occuper de responsabilités nationales. Pourtant, il se fait remarquer. Sorti major d’une université d’été du FNJ, il joue les vedettes américaines et prendra la parole avant le chef à la Maison de la chimie, faisant tout son discours en alexandrins.[...]

Peltier déclare quitter les rangs du FNJ au moment du deuxième dérapage du président du FN sur le « détail », prononcé à Munich aux côtés de l’ancien SS Franz Schönhuber, en décembre 1997, mais ne rend sa carte qu’en août suivant. « Au moment des régionales de 1998, je me suis aperçu que Le Pen n’avait aucune envie d’accéder au pouvoir », réalise alors le jeune frontiste. Après la scission, il suit vaguement son ami Damien Bariller, premier directeur de cabinet de Bruno Mégret, dans les rangs du Mouvement national républicain, « pour voir », assure-t-il. Il assiste alors au congrès fondateur du mouvement mégrétiste à Marignane. [...]

Puis, en 2000, c’est la rencontre avec de Villiers par l’entremise d’un ami qui avait fait ses études avec un des fils du président du conseil général de Vendée. Le courant passe. « Moi, je cherchais un mentor et lui un positionnement clair et un parti fort. » Philippe de Villiers avait trouvé « son petit prodige ». En 2001, Villiers le nomme responsable des jeunes du MPF (...). Il se met alors en congés de l’Education nationale et devient permanent du parti. En 2003, il accède aux fonctions de numéro 2 et vend à Philippe de Villiers le concept de patriotisme populaire, destiné à aller chasser sur les terres frontistes. »

Le candidat malheureux à l’investiture, Hervé Novelli, a également un sacré pedigree à l’extrême-droite. Certes, il s’est depuis longtemps racheté une respectabilité, en passant par l’UDF (parti centriste fondé par Valéry Giscard d’Estaing), Démocratie libérale et l’UMP. Mais il est d’abord passé par Occident, groupuscule d’extrême-droite violent dissous en novembre 1968, au côté d’autres figures de la droite libérale comme Alain Madelin ou Gérard Longuet. Suite à la dissolution d’Occident, « alors que Madelin ou Devedjian bifurquent vers la droite plus "classique", Novelli rejoint Ordre Nouveau, successeur d’Occident. » [1]

Le journal Bakchich raconte :

« Actif de 1969 à 1973, Ordre Nouveau, dont l’emblème est la croix celtique, jette les bases du Front National que Novelli rejoindra par la suite. Les rapports avec les partis moins radicaux ne sont plus systématiquement antagonistes puisque le mouvement apporte parfois son soutien à la droite de gouvernement contre la gauche. Les confrontations avec les communistes restent chaudes. Le 21 juin 1973, Ordre Nouveau organise à Paris un meeting public avec le thème très peu hospitalier :« Halte à l’immigration sauvage ! » pour « faire le procès de l’immigration sur toutes ses formes : économique, sanitaire, politique ». »

Novelli est également passé par l’Institut Supérieur du Travail, fondé par un ancien membre du parti collaborationiste de Marcel Déat [2].

Bref, c’était un choix entre la peste ou le choléra.

Illustration : UMP Photos