« Contrer le mouvement » : lettre ouverte aux enseignant·es

Du 10 avril au 5 mai, le rectorat ouvre le mouvement interdépartemental pour attribuer un poste d’enseignement ou une zone d’affectation à tous les titulaires du concours. Lettre d’une enseignante dijonnaise sur la grande partie de Risk qui commence.

Je m’adresse ici à toutes les enseignantes, à tous les enseignants, à toutes les personnes qui ont la sensation électrisante de devoir se soumettre à l’autorité glaciale, violente, et intouchable de l’Institution ; l’unique, cette vieille relique puante de la République : l’Éducation Nationale.

Je suis professeure des écoles depuis quelques années. Assez vite j’ai appris à maudire le printemps. Le printemps du grand mouvement [1]. Chaque année, fin mars-début avril, ça se remue dans la tour d’ivoire, rue du Général Dellaborde. Ces messieurs dames relancent les dés de la grande partie annuelle d’un Risk géant avec ses pions de toutes les couleurs.

FORCE VERTE : Le stagiaire tout juste titularisé qui sort de l’ESPE. Celui-là on le met en première ligne, il a été passé à la machine à laver toute l’année, il est bien propre, prêt à assumer son poste de galérien sur l’île Merdique.
FORCE BLEUE : Ceux qui sont sur le plateau depuis suffisamment longtemps. Ceux à qui on va continuer de faire croire que ce système est juste et équitable : « Messieurs dames, croyez-moi, vous êtes tous à la même enseigne et nous avons un mal de chien à vous garantir ce que nous vous garantissons déjà, alors soyez indulgents. »
FORCE ROUGE : Le syndiqué qui connait ses droits, une bande de collègues qui a décidé de se battre pour continuer une aventure passionante. Ceux-là c’est des petits fouteurs de merde, quand on les attrape pour les mettre quelque part sur le grand plateau, ils vous mordent les doigts et gesticulent jusqu’à épuisement.

Je suis épuisée.

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Notes

[1Chaque année, l’attribution des postes se fait via une plate-forme numérique qui prend en compte un barême attribué à chaque enseignant en fonction de son ancienneté principalement. Ainsi, les dynamiques internes aux établissements sont menacées et remises en jeu tous les ans.