Contre les E3C : lettre aux parents d’élèves

Les professeurs du lycée Grandmont ont décidé de mener une action le 21 janvier au matin pour protester contre l’impréparation, l’improvisation et la précipitation des nouvelles épreuves du bac (E3C) qui auront lieu dans ce lycée. Nous reproduisons leur tract à destination des parents d’élèves.

La réforme Blanquer du lycée et du bac a été mise en place contre l’avis des professeurs, sans tenir compte des réalités de terrain ni de l’avis du Conseil Supérieur de l’Éducation.

Depuis plus d’un an, les professeurs de vos enfants se mobilisent contre cette réforme dont nous subissons tous la mise en œuvre depuis la rentrée. Aujourd’hui nous souhaitons attirer votre attention sur ce que vos enfants subissent ou vont subir durant leur scolarité.

E3C : une mise en place chaotique

Les E3C dont on ne sait pas bien s’il s’agit d’un examen ou d’un simple contrôle continu sont trois occasions de stress pour les élèves. Le choix des sujets, l’organisation, la correction se font à l’échelle des établissements. Le bac n’est plus un diplôme national... Cette année le niveau d’impréparation est total. Le retard de l’ouverture de la banque de sujets (4 semaines ouvrables avant les premières épreuves) rend difficile la préparation des élèves à une épreuve comptant pour 30% de la note du bac. Il n’y aura ni bac blanc, ni temps de révision, les élèves auront tous leurs autres cours durant la semaine d’E3C. Ces épreuves génèrent une charge de travail énorme pour les élèves et les maintiennent dans un état de stress permanent. Enfin, l’impression des énoncés des E3C est à la charge des lycées (et non plus de l’imprimerie nationale) ce qui grève significativement leur budget.

Pas de temps pour enseigner

Des programmes aux contenus ambitieux mais pas de temps pour les enseigner, et souvent des groupes beaucoup trop chargés (jusqu’à 36 en mathématiques par exemple). Les élèves se découragent parce qu’ils sont placés devant des programmes trop complexes, la réforme ayant rehaussé les niveaux des programmes, en particulier dans certaines spécialités. Mais le volume horaire des cours n’a pas augmenté, l’aide personnalisée a souvent été supprimée et rien n’a été réfléchi en amont pour préparer ses changements. Résultats : les programmes doivent être traités de façon trop intensive, les élèves se découragent. En un an, ils doivent s’adapter et les plus fragiles sont complètement déstabilisés.

Baisse généralisée des moyens

La baisse généralisée des moyens alloués aux lycées de l’Indre-et-Loire pour la rentrée 2020 ne laisse pas présager d’une amélioration quant aux conditions d’apprentissage des élèves, bien au contraire. Pour exemples : -120 heures à Grandmont, -110 h à Vaucanson, -104 h à Descartes, -104 h à Jean Monnet, -70 h à Choiseul et -25 h à Paul-Louis Courier.

Des évaluations constantes et peu formatives

Toutes les notes comptent à partir de la première, et cela crée une pression inutile et peu propice aux progrès. L’obsession de la note est constante pour les élèves qui ne pensent plus qu’aux conséquences de la moindre évaluation pour le bac et Parcoursup. C’était déjà le cas avant la réforme mais avoir un bac « local » ne fera qu’accentuer ce phénomène.

Des choix d’orientation trop précoces

Les élèves sont contraints à choisir trois spécialités en fin de seconde et à en abandonner une en fin de première. Sur quels critères ? Avec quels enjeux ? Ces choix peuvent s’avérer douloureux et cruels. C’est un vrai dilemme qu’ils doivent affronter en aveugle, sans aucun recul. Si certaines formations post-bac ont déjà fait savoir discrètement les spécialités à garder pour être recruté, d’autres ne se prononcent pas. Cela génère une très grande anxiété, chez les élèves, les parents et les professeurs qui ne savent pas répondre à leurs questions légitimes. Faut-il donc dès 15 ans être déjà certain de son orientation post-bac ?

Les conditions d’une préparation et d’une organisation sereine des E3C ne sont actuellement pas remplies. C’est pourquoi nous demandons l’annulation des épreuves d’E3C.

Nous déplorons les régressions actuelles des conditions de travail dans l’éducation nationale qui s’inscrivent dans une politique plus générale conduisant à une casse du service public.