Choc des mondes aux Studios

Brève réflexion sur le débat qui a eu lieu au cinéma Studios le dimanche 15 mars 2015, suite à la projection d’un documentaire sur les zones commerciales de l’agglomération tourangelle.

Dimanche après midi, je suis allé voir Les Décentrés, un film documentaire sans prétention de Xavier Champagnac, qui dresse un tableau des zones commerciales de l’agglo tourangelle. Ce documentaire est pour moi une œuvre naturaliste qui nous propose des portraits de gens travaillant ou gravitant dans ces zones.

Le film se terminant, la discussion entre la salle, le réalisateur et quelques protagonistes du films s’engage. Et là, certains intervenants se mettent à parler d’exploitation sociale, qu’il faut aller faire ses courses au marché, etc. Les salariés protagonistes se mettent alors en porte-à-faux et commentent leur parcours salarié et leur plaisir au travail. Bref personne ne se comprend.

La fracture était nette, on voyait des « militants » pleins d’idées et de critiques sociales mais incapable de les mettre en perspective et en application.



Cet épisode est pour moi représentatif de notre société où l’on voit une élite socialisante voire militante émettre des avis, sans même se rendre compte qu’ils ne sont pas opportuns sur le moment, voire qu’ils sont déconnectés de la réalité.

Bien avant la critique du capitalisme et du salariat, même avant la revendication d’une augmentation de salaire, ce que revendiquent le plus souvent les salariés, c’est la reconnaissance au travail. La plupart des gens se contentent de ça. Cela peut être dur à entendre quand on est militant mais c’est (malheureusement pour moi) la première revendication et à mon sens est le point de départ d’un militant bien avant la grande théorie déconnectée.

Après, il est tout à fait possible de se servir de ce film pour apporter de la critique sociale. On a pu constater les effets de l’exploitation salariée dans plusieurs discours de gérant-responsables (management d’équipe et paternalisme) dans le film ou encore lors d’une passation de parole entre un responsable de Auchan et son salarié lors du débat. Mais là on passe à une analyse d’universitaire qui n’était nullement la démarche du réalisateur.

Je finirai cette petite réflexion par dire que le film n’a peut-être pas été projeté au bon endroit. Il aurait peut être eu un meilleur impact sur les lieux de travail (comme au temps des cinés clubs) ou à la maison des syndicats.

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