Le lundi 2 juillet au matin, à l’heure de l’embauche dans le centre commercial Ma Petite Madelaine de Chambray-lès-Tours, une dizaine de salariées de l’enseigne à bas prix se sont retrouvées devant leur magasin fermé. Sur les portes, une affiche indiquait : « Fermeture définitive de votre magasin Tati ».
L’annonce de la fermeture a été faite le 16 mai, dans un mail adressé à la responsable du magasin. Après une opération de déstockage menée à grands renforts de promotions exceptionnelles jusqu’au 16 juin, on leur a annoncé qu’elles devaient vider le magasin du stock restant, démonter les structures et tout nettoyer pour le 30 juin. L’ouverture d’un magasin Gifi est prévue en remplacement, mais aucune date n’a été donnée.
L’enseigne Tati, qui appartenait au groupe Eram, a été rachetée par le groupe Gifi en 2017. Le projet de reprise, qui faisait suite à une procédure de redressement judiciaire, prévoyait la garantie des emplois pendant deux ans. Deux ans pour redynamiser l’enseigne, avait-on dit aux salarié-es.
Pousser les salariées à bout
Lors d’une visite d’un responsable de l’enseigne le 21 juin, les salariées du magasin de Chambray-lès-Tours ont refusé le principe d’entretiens individuels, et ont donc obtenu une information collective. C’était la première fois qu’on leur transmettait une information sur leur avenir depuis l’annonce de la fermeture. Et elles n’ont pas été déçues : on leur a annoncé des affectations à Blois ou Cholet. Sans indemnités d’hébergement, donc de la route tous les jours, et pas de date de fin pour cette affectation. Le responsable ne connaissait pas la date d’ouverture du futur magasin Gifi prévu pour remplacer Tati. Les magasins de Cholet et Blois n’étaient même pas au courant de l’arrivée des salariées de Chambray.
Les salariées sont laissés à l’abandon avec leur stress et leur angoisse. La médecine du travail a d’ailleurs alerté l’inspection du travail en voyant toutes ces salariées à bout. Elle a également prononcé des inaptitudes au travail pouvant ouvrir la voie à des licenciements. Les salariées de Chambray-lès-Tours sont en lien avec le collectif commerce de la CGT d’Indre-et-Loire, qui soutient leur action et entame avec elles les démarches nécessaire pour faire valoir leurs droits.
Une vingtaine de magasins Tati se seraient vus appliquer les mêmes méthodes, comme à Langueux, dans les Côtes-d’Armor, où les salariées se sont vus proposer des « postes temporaires » à l’autre bout de la Bretagne. En poussant les employées à bout, la direction de Tati semble vouloir s’en débarrasser via des ruptures conventionnelles ou des licenciements pour inaptitude. Un bon moyen de s’épargner la mise en place d’un Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) ou le respect des dispositions en matière de licenciements économiques.