Chasser la misère, c’est moins gênant sous le soleil ?

En décembre 2013, le maire de Tours, Jean Germain, avait célébré les fêtes en avance en proclamant un arrêté anti-mendicité. 6 mois plus tard, son successeur, Serge Babary, remet le couvert à l’arrivée de l’été. L’objectif est le même : faire "ville propre" pour les bourgeois locaux et les touristes.

En décembre 2013, le maire de Tours, Jean Germain, avait célébré les fêtes en avance en proclamant un arrêté anti-mendicité. 6 mois plus tard, son successeur, Serge Babary, remet le couvert à l’arrivée de l’été. L’objectif est le même : faire "ville propre" pour les bourgeois locaux et les touristes.

Que ceux-ci s’occupent à faire leurs emplettes pour les fêtes ou à siroter des mojitos sur les bords de Loire, qu’est-ce qui change vraiment dans ces mesures antisociales ?

Rien ou pas grand chose, si ce n’est... leur réception. Cet hiver, nombreux étaient ceux qui s’étaient émus de cet arrêté anti-mendicité, certes pris par un maire officiellement de gauche donc théoriquement opposé à ce type de politiques. Aujourd’hui ? Rien. Ni mobilisations ou protestations même timides. A titre d’information, l’article de La Rotative sur l’arrêté hivernal a été 10 fois plus visité que celui sur la mouture estivale. Parce que le fait que l’on chasse la misère est moins dur à supporter lorsqu’il y a du soleil dehors ?

Cette situation rappelle curieusement le traitement médiatique et humanitaire réservé aux personnes qui meurent dans la rue. En hiver tout le monde s’en émeut poliment (sans pour autant remédier au problème). En été : rien. Pourtant, il n’y a pas qu’en hiver que l’on vit ou que l’on meurt dans la rue [1] et le soleil ne rend pas ces politiques antisociales moins scandaleuses.

Ne nous laissons pas aveugler !

Julie M.

Notes

[1Voir notamment l’étude intitulée Dénombrer et Décire (2012) du collectif Les Morts de la Rue.