Cercle du silence : « réagir face aux drames migratoires par une politique solidaire »

Nouveau cercle de silence en solidarité avec les migrants le mardi 29 septembre 2015, à 18h30 devant le palais de Justice de Tours. Le texte de l’invitation revient notamment sur les actes et discours des élu-es de Tours et du département en matière d’accueil.

Depuis le 25 mars 2008 nous nous rassemblons, en un cercle de silence, tous les derniers mardis du mois pour exprimer notre solidarité avec des hommes, des femmes, des enfants, migrant sur notre terre commune. Cette solidarité s’est toujours manifestée quelles que soient les raisons de leurs migrations et quelles que soient leur religion ou leur culture .

Chaque mois, au cours du cercle, notre réflexion est soutenue par des textes remis aux participants.

Depuis 2 ans ces textes sont désormais rassemblés dans un bulletin. Celui-ci, remis à chaque participant, est aussi envoyé séparément par mail à plus de 250 destinataires et rediffusé dans plusieurs réseaux (ce qui multiplie sa lecture 2 ou 3 fois).

Depuis ces derniers mois notre préoccupation s’est focalisée sur les conditions d’accueil de nos frères étrangers ici et maintenant :

En mai de cette année nous relevions que, trahissant l’esprit de Saint Martin dont elle se targue, la Ville de Tours ne souhaitait pas recevoir ceux que l’État doit, selon la loi, protéger et héberger.

En effet son CCAS supprimait l’aide alimentaire aux sans-papiers, mettait fin à la gratuité des cantines où leurs enfants se nourrissaient et enfin le conseil municipal éliminait de la liste des associations aidées Chrétiens-Migrants qui les soutient (et qui recevait jusqu’ici une aumône de 2 500 euros) [1]

En juin nous constations que des dizaines de femmes d’ hommes et autant d’enfants qui n’étaient plus secourus couchaient désormais dehors le ventre creux et ne pouvaient survivre qu’ en entrant dans le « Monde des Camps » qui se développe partout en France. Le Campement des Réfugiés du Sanitas naissait alors le 19 juin dans l’indifférence générale des pouvoirs publics comme des sous-traitants des services sociaux.

En juillet et en août cette précarisation des migrants développée pour les contraindre a déguerpir s’est manifestée par un abandon absolu de la part de tous ces organismes dépendant des pouvoirs publics. La survie de ces personnes n’a été assurée que par les associations militantes et le soutien de la population qui, à cette occasion, s’est mobilisée de manière exemplaire. Elle s’est terminée le 31 août par la dispersion du campement, qui n’a pas permis la prise en charge de tout le monde comme cela s’est institutionnalisé pour tous les campements de France (4 familles restent à la rue).

Aujourd’hui nous assistons, à la suite de l’exode des Chrétiens d’Orient et de la poussée irrépressible des« Réfugiés » Syriens aux frontières de l’Europe, à un changement de discours de la part de nombreux élus de notre département.

Tout leur paraît possible, désormais, pour accueillir 200 réfugiés, alors que dans les semaines passées ils ne souhaitaient pas s’engager pour accueillir les 40 demandeurs d’asile (dont 20 enfants) du campement du Sanitas.

Au-delà de l’émotion suscitée par les images chocs et bouleversantes de ces dernières semaines, réagir face aux drames migratoires par une politique solidaire c’est notre responsabilité collective aussi bien au niveau européen qu’en France et dans notre département.

Ce sont nos valeurs historiques qui doivent nous guider, et en premier lieu celle de solidarité, en accueillant tous les réfugiés craignant avec raison d’être persécutés du fait de leur race, de leur religion, de leur nationalité, ou de leur appartenance à un certain groupe social ou même de leurs opinions politiques, mais au-delà ce sont tous les demandeurs d’asile quel que soit leur motif dont il faut se préoccuper, la réaction de nos élus montre que c’est possible : YES WE CAN.

Avec l’ Europe nous devons non seulement répondre à l’urgence mais aussi préparer l’avenir.

La méfiance et la peur envers les migrants nous aveuglent sur le coût sans cesse croissant de vaines politiques répressives. Quand bien même l’accueil des migrants nous coûterait plus que la répression, il laisserait un espoir de paix aux générations futures que cette répression n’offrira jamais !

Au-delà de la lutte contre les réseaux de passeurs, une politique d’accueil est indispensable, parallèlement à une volonté internationale de traiter les causes structurelles des migrations subies. Migrations subies autant dans les pays de départ que dans les pays de destination.

Ouvrons les frontières : la liberté de circulation et d’installation ne conduirait à aucune augmentation des flux migratoires [2].

Notre manifestation silencieuse mensuelle vise à interpeller les consciences, celle des passants comme la nôtre, pour que nous assumions les conséquences d’une politique plus accueillante envers les migrants.

Nous vous invitons TOUS à participer à ce 91ème cercle de silence de Tours mardi 29 septembre 2015, place de l’hôtel de ville, de 18h30 à 19h30.

Notes

[1Voir article La Tribune de Tours 12 mai 2015, et déclaration commune du RESF 37, Association Chrétiens-Migrants, SNUclias-FSU, CGT, SUD Santé-sociaux, ATTAC 37…).

[2Cf F. Gemenne de l’Université de Liège et de Saint-Quentin-en-Yvelines, Télérama 39ème semaine de 2015).