Chronique d’une année scolaire : petits soucis annoncés

Le 2 août, dans le quotidien régional Ouest France, E. Phillippe et J-M. Blanquer ont présenté leur réforme de l’éducation. La casse du service public continue, et le management fait des ravages. Entre le dédain affiché face aux professionnels et la limitation des dépenses, les années scolaires prochaines s’annoncent mal.

Le rapport Cap 22 est parsemé de pistes diverses et variées sur l’éducation. Certaines des idées ont été mises de côté par le ministère, d’autres sont conservées et seront appliquées dès la rentrée. En prenant la parole dans un journal de la presse quotidienne régionale, le ministre annonce les orientations prises pour les trois années à venir. Que les réformes engagées ne fassent pas l’objet d’une communication aux professionnels devient une habitude de ce ministère qui use des médias pour sa communication personnelle et qui apprécie l’été pour faire passer en douce sa réforme et les nouveaux programmes.

Travailler plus pour gagner plus, enfin si on peut

La première annonce concerne le salaire des enseignants. La perspective de hausse des salaires est mise en avant. Les enseignants du second degré pourront effectuer des heures supplémentaires, ce qui limitera d’autant l’embauche pourtant nécessaire de remplaçants. Pour les enseignants du premier degré, il leur faudra aller enseigner en zone d’éducation prioritaire (REP+), et la prime allouée sera calculée par rapport aux résultats de leurs élèves. Cette mesure vise ainsi à faire remonter artificiellement le niveau des élèves aux évaluations nationales qui seront effectuées en CP et CE1. Une prime au mérite donc, à l’obéissance et à la concurrence entre collègues et écoles.

Une réforme à moyens constants

Comme la plupart des réformes mises en place dans l’éducation, celle-ci se fera également à moyen constant. Ce qui signifie que la priorité étant mise sur le premier degré, le second degré verra des postes disparaitre. Les postes supprimés émaneront principalement de la réforme du lycée, qui va permettre de diminuer le nombre de postes en abaissant le volume horaire d’enseignement. Or, les prévisions du ministère de l’Éducation nationale annoncent près de 30 000 élèves en plus en 2018 et près de 40 000 en 2019 pour le second degré. C’est donc une certitude qu’à la rentrée, notamment dans les collèges, les classes seront surchargées. J-M. Blanquer va ainsi devenir le premier ministre de l’Éducation à manœuvrer le navire avec un budget en baisse par rapport aux années précédentes.

13 académies au lieu de 26

La réforme s’attaque aussi aux académies. L’idée du ministère est de faire coïncider le nombre d’académies avec le nombres actuels de régions. L’idée est d’éviter « la métropolisation excessive ». L’étalement de certains territoires risquent surtout d’éloigner encore plus les enseignants des instances administratives de direction. La principale justification de la réforme est bien dans les économies réalisées dans la gestion des personnels. Cette mesure nécessite une totale régionalisation des personnels. Mais les enseignants pourraient ainsi également être nommés à l’échelle des régions académiques.

Il semblerait que Blanquer ait décidé de faire table rase de l’Éducation nationale, en mettant en avant la concurrence, l’externalisation de compétences et la gestion des ressources humaines comme leviers à la destruction de l’école publique.

Déca

Illustration : école de Barcy, en Seine-et-Marne, après le bombardement