Brésiliens, renversez la Coupe du monde

Au lendemain du coup d’envoi de la Coupe du monde au Brésil, souhaitons, comme Jérôme Latta, que les Brésiliens « ne se calment pas » ! Extraits.

Suscitant quelque scandale, le président de l’UEFA Michel Platini, candidat à la présidence de la FIFA avait donc, il y a quelques semaines, appelé les Brésiliens à « se calmer » et à « attendre un mois » avant de revendiquer, réinterprétant à sa façon la notion de trêve olympique. L’irritation du dirigeant trahissait certainement autant son inconcevable désinvolture que la crainte de ses pairs de voir leur événement « gâché ». Pourtant, que craignent-ils ? La probabilité d’une situation si insurrectionnelle qu’elle compromettrait le déroulement du tournoi reste improbable à ce jour : s’ils ont peur, c’est évidemment pour eux-mêmes.

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On ne saurait trop conseiller aux Brésiliens de ne surtout pas se calmer, et même de profiter de l’exceptionnelle visibilité mondiale que leur offre la Coupe du monde. Il n’y a strictement aucune raison qu’une compétition de football prenne le pas sur les urgences sociales et politiques d’un pays, à plus forte raison si son organisation a mis en relief les injustifiables priorités des pouvoirs publics, la permanence de la corruption, l’indécence des dépenses consenties ou la voracité de la FIFA.

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Que les Brésiliens se mobilisent aussi, d’un point de vue plus égoïste, pour nous autres amoureux du football, qui devrions nous demander quelle fatalité nous oblige à subir une Coupe du monde devenue un tel cirque, imposant l’exclusivité de ses sponsors dans l’espace public et nécessitant un déploiement militaro-policier de pays en état de guerre. Nous qui tolérons que la FIFA oblige à construire des infrastructures démesurées sur des fonds publics pour ensuite capter l’essentiel des profits, vende « son » spectacle à des chaînes payantes que nous devrons payer à notre tour pour y avoir droit, attribue sa compétition dans des conditions douteuses pour satisfaire ses propres intérêts, se gouverne avec la transparence d’une mafia.

Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir lénifiant du football ni l’efficacité du discours culpabilisant, mais – quitte à marteler le clou déjà enfoncé ici – ces quelques semaines d’incertitude recèlent quelque excitation : si ce n’est, forcément, celui de voir le Brésil mener une sorte de révolution politique, au moins celui, plus modeste, de mettre en évidence les absurdes dérives de la Coupe du monde de la FIFA.

L’intégralité de cet article est à lire sur le blog du monde de Jérôme Latta.

Illustration : Victor Teixeira, illustrateur latino-américain indépendant, brésilien et de gauche.