Non, ce n’est pas de la science-fiction ! On l’a appris par l’Espoir, le Minute tourangeau de la famille Royer [1].
D’ici la fin de l’année, la milice à Jeannot comprendra 29 « baveurs » et 15 chiens pour assurer « le bon Ordre, la sécurité, la salubrité publique, la protection des personnes et des biens » (sic). Ils auront les mêmes pouvoirs que les « vrais » policiers. Pour la publicité, certains d’entre eux, sans les chiens, iront faire les sorties d’écoles.
Pour la répression : surveillance des parcs, de la piscine et de l’hôtel de ville 24 heures sur 24, siou plaît ! Pour les lieux publics : « surveillance pour l’ouverture et la fermeture, présence dans 15 jardins, pour surveiller la divagations des animaux, les dégradations éventuelles et les comportements désagréables ou anormaux. »
Une question à ceux qui prennent les Tourangeaux pour des imbéciles : lesdites rondes se feront en voiture et avec les chiens. Curieux équipage pour faire la chasse aux chatons égarés !
Le prétexte évoqué est comme d’habitude une prétendue « progression générale de la délinquance, même mineure » qui n’a jamais existé. Même l’Espoir avoue dans ses chiffres :
« Il y a eu 7 048 crimes et délits en 74, 6 216 en 75, 8 304 en 77 (et 76 ?) et 3 058 pour les 6 premiers mois de 1978. »
En extrapolant ce dernier chiffre, on obtient pour 78 un total se situant entre 6 000 et 6 500. Alors cette dramatique progression elle est où ?
D’autant qu’on fourre allègrement là-dedans les incendies volontaires, les « affaires de mœurs » et les mauvais traitements à enfants ! Toutes choses pour lesquelles l’utilité de notre milice est criante !
Soyons clairs. Cette milice sert un tout autre but que la protection des enfants à la sortie des écoles ou la recherche des chats errants, comme on voudrait nous le faire croire. Il s’agit de légaliser une pratique qui a tendance à se généraliser et c’est plus que dangereux. Surtout si vous avez le malheur d’être jeune, chevelu ou basané et de rentrer chez vous tard le soir. C’était un accident, Chef ! Il m’a menacé, j’ai fait un faux mouvement et j’ai tiré.
Un peu plus loin, sur le trottoir, un jeune Arabe de 16 ans crevait comme un chien, 2 balles de 9 mm dans le dos. Vous n’avez pas lu ? C’était dans tous les journaux il n’y a pas si longtemps.......
Vous n’avez qu’à regarder l’actualité. Notre Janot se montre tel qu’il est, de la même veine que Chirac et Médecin (maire de Nice quand il n’a rien d’autre à faire), un petit Mussolini de province imbu de son pouvoir. Alors, il est temps de dire NON. De s’opposer par tous les moyens à ce que nos existences soient régentées par des apprentis cow-boys, avant qu’ils ne tirent leur première balle. Il est temps que vous réagissiez. Si vous n’êtes pas encore convaincus, allez à Nice ou à Paris, à partir d’une certaine heure, on se retrouve vite un pétard dans les reins tenu par un quelconque crétin aviné rendu complètement fou par son pouvoir et son uniforme. Et tu n’oses plus faire un seul geste parce que le flingue est chargé et que ce con a le doigt sur la détente......
Alors, aujourd’hui, c’est un appel que nous vous lançons, à tous : ne laissons pas importer de telles méthodes dans une Touraine que tout le monde (même l’Espoir) s’accorde à trouver calme. Il faut tout faire pour que cette milice disparaisse de notre ville.
D’autant plus que le maire de la Ville est statutairement le grand patron de la police municipale (d’où son nom !) et du commissariat de police. Y aurait-il des divergences de vue entre eux ?
Toute restriction des libertés, si minime soit-elle, est une atteinte intolérable. A plus forte raison lorsqu’elle est présentée hypocritement comme c’est le cas. Nous nous considérons dès à présent en légitime défense, nous aussi.
Quand vous les verrez, crachez-leur votre mépris, contre les chiens, prenez votre poivrière, et surtout, ne vous laissez plus faire. Ignorez leurs injonctions, faites leur un bras d’honneur collectif !
Toutes les citations entre guillemets sont extraites du n°992 de l’Espoir, du 9/9/78, pages 2 et 3.
Article reproduit intégralement, puisqu’il était indiqué, en page 2 du numéro 2 du P’tit rouge de Touraine : « Pas de droits réservés pour la presse libre. » Titre et illustration originaux. A suivre.