Attaque contre le droit de grève : les salarié-es de deux EHPAD réquisitionné-es par la préfète la veille du 5 décembre

Plus de trente soignant-es travaillant dans des EHPAD gérés par la Mutualité Française se sont vus distribuer des ordres de réquisition par les gendarmes, leur interdisant de faire grève.

La Mutualité Française Centre Val de Loire (MFCVL) gère plusieurs EHPAD dans le département, notamment La Vasselière à Monts et la Maison de Beaune à Ballan-Miré. Ces deux établissements se sont plusieurs fois mis en grève pour se joindre aux mobilisations nationales de ce secteur, dont on connait maintenant les conditions de travail et les salaires indignes. Ces mouvements de grève, assez suivis, obligeaient parfois les cadres et la direction à enfiler une blouse et à se coltiner la réalité du travail !

La journée du 5 sur les retraites était bien sûr appelée par le syndicat CGT de la MFCVL, et tout au long de la semaine précédente, les pressions de l’encadrement furent nombreuses : appels au domicile, questionnements répétés, « Feras-tu grève le 5 ? », félicitations quand la « bonne » réponse était donnée... Mais pour être sûre de s’éviter tout problème, la direction générale de la MFCVL a sollicité la préfecture qui n’a pas hésité.

Mercredi 4 décembre, à la veille de la grève, les gendarmes se sont rendus au domicile de plus de 30 salarié.es, ou sur leurs lieux de travail, qui se sont vu remettre des ordres de réquisitions pour le lendemain, leur interdisant ainsi le droit de se mettre en grève !

Pour rappel, lors de la grève de la clinique du Parc à Chambray en 2003, le Conseil d’État avait estimé que « le recours préfectoral à la réquisition était entaché d’une illégalité manifeste qui porte une atteinte grave à la liberté fondamentale que constitue le droit de grève » [1]. La réquisition dans une entreprise de droit privé, la veille d’un jour de grève est illégale !

Ces méthodes utilisées pour briser la grève dans le cadre d’un mouvement social de grande ampleur qui démarre, et cristallise toutes les colères, sont dignes du patronat le plus réactionnaire, soutenu en cela par la préfète qui leur donne les moyens d’arriver à leurs fins.

L’Union départementale CGT a fait paraitre un communiqué de presse pour dénoncer ces attaques et les suites juridiques sont étudiées.

Illustration par doubichlou14 (CC BY-NC-ND 2.0).

Notes

[1La décision du Conseil d’État est à lire ici. Si une réquisition peut être organisée pour assurer un service minimum nécessaire à la continuité des soins, elle ne peut avoir pour but la poursuite d’une activité complète.