La hausse de la CSG de 6,6 % à 8,3 % pour les pensions supérieures à 1 200 € pour un retraité.e. seul.e, 1 840 € pour un couple (920 € en moyenne par personne) représente une perte de pouvoir d’achat. Le gouvernement prétend vouloir donner du pouvoir d’achat aux actifs (suppression des cotisations sur la maladie et le chômage) en prenant dans la poche des retraité.e.s « aisé.e.s » (via la hausse de la CSG). Chacun jugera si à ce niveau de revenus ces retraité.e.s sont « aisé.e.s ».
« Non à la hausse de la CSG à 8,3 %, revalorisation de nos pensions en fonction des salaires. »
C’est une supercherie. Augmenter le pouvoir d’achat des actifs en supprimant les cotisations sociales revient en fait à réduire la part socialisée de leurs salaires, celle qui finance l’Assurance maladie (0,75 %) et l’UNEDIC (2,4 %). C’est un leurre qui n’apportera qu’un faible gain sur le salaire net et qui se paiera très cher quand les prestations maladie et chômage diminueront. De plus cela aggrave davantage le déficit de la sécurité sociale.
Il y a d’autres moyens d’augmenter le pouvoir d’achat des actifs : augmenter les salaires. Et c’est possible quand on voit l’augmentation de la part des richesses créées qui va aux actionnaires et aux organismes financiers. Le gouvernement choisit une autre voie en supprimant l’imposition sur la fortune constituée de valeurs financières, en ramenant l’impôt sur les bénéfices à 28 %.
C’est injuste. Considérer que l’on vit aisément quand on reçoit une pension supérieure à 1 200 €, c’est faire preuve d’un extrême cynisme. Un récent sondage IPSOS révèle que les renoncements aux soins, aux prothèses dentaires, à la protection d’une mutuelle sont en augmentation continue, y compris pour ceux dont les pensions sont comprises entre 1 200 et 2 000 € mensuels. Non, avec 1 200 € on ne vit pas aisément, on s’alimente pour survivre, on n’est pas à l’abri de l’appauvrissement. Il faut aussi rappeler que les pensions sont bloquées depuis quatre années et que les complémentaires le sont encore pour trois années.
Notre système de retraite repose sur la solidarité entre générations. Les actuels retraité.e.s ont financé les pensions de leurs aînés. Diminuer leurs pensions aujourd’hui, c’est déchirer ce contrat. Enfin, ce sondage montre bien que l’usage que les retraité.e.s font de leurs moyens profite, pour une large partie à leurs proches : parents pour l’accès très coûteux aux maisons de retraite, enfants en difficulté sur le marché du travail.
C’est dangereux. En fiscalisant notre système de protection sociale au moyen de la CSG, on exonère les employeurs de leurs responsabilités en matière sociale. On rend également le financement de la protection sociale tributaire des politiques gouvernementales.
Alors que les cotisations versées aux caisses de sécurité sociale sont sanctuarisées aujourd’hui, rien ne garantit que les sommes collectées par la CSG iront bien vers la santé ou vers les retraites demain. La protection sociale ne doit pas être volée ; ni par l’État, ni par la finance.
Si aujourd’hui, les retraité.e.s manifestent ce n’est donc pas par égoïsme mais
bien parce qu’ils refusent la dégradation organisée d’un système qui a pourtant largement fait ses preuves au service de la population.