« L’antenne GIGN de Tours au quotidien ». Une plongée « au cœur » de cette unité de 32 gendarmes, pour « montrer l’excellence de la sécurité à la française » [1]. En réalité, les photos réalisées par Montagne, visibles sur le site du studio Hans Lucas, ne feraient pas tâche dans une brochure de propagande de la gendarmerie, ou dans les revues spécialisées à la gloire des supers soldats en tous genres, type Opérations Spéciales. À moins d’aimer passionnément les armes, les cagoules et l’armée, ça n’a strictement aucune valeur informative.
Mais cette esthétisation glorifiant les corps, les uniformes, et les armes de la violence d’État soulève les cœurs. Difficile de ne pas voir, en lieu et place des cibles sur lesquelles les gendarmes s’entrainent, les visages de leurs victimes. Notamment ceux d’Angelo Garand et d’Henri Lenfant, abattus par les hommes des AGIGN de Tours et Reims.
Cet aspect-là du métier des hommes de l’AGIGN de Tours, il n’en est pas question dans le travail de Montagne. Pourtant, les cinq balles dans le torse d’Angelo Garand ne sont-elles pas le résultat d’un entraînement glorifié d’une photographie à l’autre ? Le prétendu reportage de ce médiocre photographe de presse apparaît comme le pendant esthétique du volet judiciaire de la mort d’Angelo : les gendarmes n’ont fait que leur travail [2].
Afin de dénoncer cette apologie de la violence d’État et l’impunité dont bénéficient les gendarmes, des membres du collectif Justice pour Angelo se sont rassemblés devant l’hôtel de ville le 29 août, à l’heure du vernissage marquant la fin de l’exposition. Emmené-es par la mère et la sœur d’Angelo, ils et elles ont brandi des pancartes rappelant les noms de quelques victimes des gendarmes, et ont distribué des tracts pour informer les passants. Au moment où Montagne débouchait le mousseux pour ses rares invité-es [3], Aurélie Garand a fait une brève intervention sur les marches de la mairie pour appeler à poursuivre sans relâche le combat contre les violences policières.