Affrontements entre manifestants et policiers autour de l’expulsion du centre social Rote Flora à Hambourg

Le 21 décembre 2013, plus de 8 000 manifestants ont affronté la police anti-émeute alors qu’ils protestaient contre l’expulsion d’un centre social populaire occupé par des squatters et contre l’expulsion de centaines de personnes de leurs domiciles. La manifestation, essentiellement pacifique, a dégénéré suite à une charge de matraques et à l’utilisation de gaz lacrymogène et de canons à eau par la police. Les manifestants ont répondu en construisant des barricades et en lançant des pierres, des feux d’artifices et des bouteilles. 500 personnes auraient été blessées, et la police aurait arrêté 150 manifestants.

Le Rote Flora est un ancien théâtre qui est utilisé comme centre social depuis 1989. La vente initiale du bâtiment à des développeurs immobiliers a eu lieu en 2001, et a déclenché une vive protestation. Il y a aussi des questions plus larges concernant un vieux complexe immobilier situé à proximité, les « Maisons Esso », qui hébergeaient environ 300 personnes jusqu’à leur expulsion au début du mois de décembre. Les Maisons Esso ont été décrites comme suit par un commentateur :

Les Maisons Esso désignent un complexe d’appartements, des immeubles d’habitations, une station essence, deux boîtes de nuit et quelques commerces. Elles ont été expulsées mi-décembre, après que les murs aient tremblé et que des habitants effrayés aient appelés à la police. Les Maisons Esso ont été acheté par un gros investisseur il y a quelques années, et les habitants et ceux qui les soutiennent estiment que cet investisseur a laissé les maisons pourrir afin de pouvoir bâtir des habitations neuves et plus chères à la place.

Un des squatters de Rote Flora déclarait par ailleurs [à propos de la manifestation] :

Il y avait une ambiance agressive dès le départ. On a été sérieusement attaqués. C’est devenu plus violent que tout ce que nous avons vécu depuis longtemps. L’utilisation de matraques, de gaz et de canons à eau a entraîné de nombreuses blessures.

Des affrontements ont eu lieu toute la nuit à travers Hambourg. Plusieurs vitrines ont été brisées, et de nombreux véhicules incendiés. La police a déclaré que 82 agents avaient nécessité des soins suite à des blessures.

Un porte-parole de la police a déclaré :

Les manifestants ont soudainement commencé à avancer, et ce n’est pas ce sur quoi nous nous étions mis d’accord, donc on devait arrêter la marche. Puis des bouteilles, des pierres et des feux d’artifices nous ont été lancés dessus, blessant plusieurs agents. Nous n’avions pas d’autre choix que de déployer les canons à eau.

Bien que les vidéos montrent clairement que la police était à l’origine des affrontements, les médias ont, comme d’habitude, fait porter la responsabilité aux manifestants. Un journal local déclarait ainsi :

La situation a dégénéré peu de temps après le départ de la manifestation. (…) Des émeutiers du « Black Bloc » ont attaqué les forces de police. Celles-ci ont ensuite bloqué la manifestation et déployé un canon à eau. D’après une porte-parole de la police, des agents ont même été bombardés d’objets divers depuis un pont.

Avant le départ de la manifestation, la police avait déclaré la ville « zone dangereuse », ce qui leur conférait des droits étendus pour effectuer des contrôles et à des fouilles, et leur permettait de procéder à des arrestations préventives. [A la date de publication de cet article sur La Rotative, certains quartiers de la ville sont toujours sous le statut de « zone dangereuse ».]

Hambourg a été le théâtre de nombreuses perturbations de grande ampleur récemment. La police a affronté les manifestants le 1er mai 2013, et 700 antifascistes se sont battus contre la police et des boneheads [1] plus tard dans l’année.


Article en version originale à lire ici : http://libcom.org/blog/protesters-clash-police-rote-flora-social-centre-eviction-hamburg-22122013

Illustration par Torklugnutz.

P.-S.

Un troisième motif de contestation concerne la situation de 300 réfugiés Africains en situation illégale qui se surnomment "Lampedusa à Hamburg" et ont fui la Lybie l’année dernière. En novembre, 15 000 manifestants ont défilé dans les rues de la ville pour soutenir leurs demandes consistant à pouvoir vivre et travailler à Hamburg.

Notes

[1skinheads d’extrême-droite