Action anti-pub sur un panneau LED de Chambray-lès-Tours

L’après-midi du 23 avril 2014, cinq militants anti-publicité, ne se revendiquant d’ailleurs d’aucune organisation particulière, ont déployé une bâche sur le panneau publicitaire vidéo-animé bordant l’avenue du Grand-Sud à Chambray-les-Tours.

Cet énorme panneau de technologie LED diffuse jusqu’à 612 messages par jour, ciblant ainsi quelques 27 000 automobilistes au quotidien, comme la Rotative l’avait déjà expliqué dans un article critiquant le positionnement marketing environnemental (appelé phénomène de green-washing) plus que douteux dont se vantait le diffuseur Pixity, à travers son site web.

La bâche, quelque-peu malmenée lors de l’installation, laissait deviner l’inscription « Vous avez déjà tout » aux nombreux automobilistes empruntant la départementale vers le sud. Ceux venant dans le sens inverse n’ont pas eu l’occasion de lire la deuxième bâche portant la même inscription, laquelle devait être déroulée sur l’autre face du panneau. Ce sont deux gendarmes arrivés en voiture qui mirent fin à l’opération.

Vraisemblablement alertés par la firme propriétaire du panneau, elle-même prévenue par « 4 murs » (enseigne de papier-peint qui loue une partie de son terrain à Pixity pour l’implantation et l’exploitation du panneau), les deux gardes en uniformes invectivent aussitôt les militants, leur demandant avec zèle d’interrompre immédiatement leur acte et de défaire la toile qui recouvrait déjà une face du panneau.

Sans effronterie, semblant n’être concentrés que sur la finalisation de leur action, les militants ignorent simplement les ordres à la limite du mépris que leur donnent les gardiens de l’ordre, et fignolent tranquillement les nœuds de l’installation.

Alors que les carabiniers n’ont pas l’air d’accord sur la réponse à apporter au refus d’obtempérer des 5 personnes (l’un annonce immédiatement un embarquement au poste, tandis que l’autre demande de décliner les identités), les activistes rassemblent leur matériel en attendant de savoir à quelle sauce ils vont être mangés. Des échanges d’arguments entre maréchaussée et anti-pubs ont lieu, et l’on doit noter que les gendarmes ont l’air de se sentir obligés de prendre la défense des honnêtes entrepreneurs et du système légaliste qui légitime la publicité à outrance, et les dérives qui s’ensuivent. On pourrait bêtement s’attendre à ce qu’il ne fassent que leur boulot de gendarme, mais le jugement de valeur prend le dessus, et les militants s’entendent finalement dire qu’ « en plus c’est moche [leur] affiche ». Doivent-ils comprendre qu’avec de belles affiches, leur action serait légale, que les contrôles n’auraient pas lieu ?

Pour finir, laissant la bâche en place, les deux agents repartent sans mot dire, après avoir noté les adresses de 5 hors-la-loi qui n’en sont finalement pas.