A Tours, le centre LGBT écarté des commémorations officielles de la déportation

Alors qu’a lieu dimanche 26 avril la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation, le centre LGBT de Touraine n’aura pas le droit de participer aux commémorations officielles, en raison d’une décision préfectorale.

Contactée par le magazine 37°, la préfecture se justifie de la façon suivante :

« Le cabinet du secrétaire d’État aux anciens combattants et de la mémoire a été sollicité et a indiqué que la règle veut que déposent des gerbes les associations dont l’objet principal est la défense et la transmission de la mémoire des déportés. Toutefois, toute autre possibilité est ouverte alors qu’elle fait consensus entre toutes les associations parties prenantes.
Des réunions de concertation ont donc été menées par la directrice de cabinet avec les différentes associations de déportés du département afin de connaître leur position sur cette demande.
Cette phase de concertation a amené à constater que l’une des associations de déportés s’opposait à la participation de la LGBT à la cérémonie.
 »

Il n’y aurait donc pas de consensus sur la présence d’une association représentant les homosexuels, lourdement victimes du régime nazi, dans une cérémonie officielle. Outre la pusillanimité de la préfecture, on se demande à qui cela pose un problème. La Nouvelle République identifie l’UNADIF-FNDIR [1], seule association participante n’ayant pas dénoncé ce refus, comme étant celle à qui la question homosexuelle n’apparaît pas comme légitime quand il s’agit de commémorer les atrocités du régime nazi. La NR croit savoir que le motif de ce refus serait le fait « qu’en Indre-et-Loire, il n’y aurait pas eu de déportés revendiqués comme homosexuels ».

L’argument laisse rêveur (cauchemardeux plutôt) même si le contexte local, de la Manif pour Tous et ses chartes aux Journées de retrait de l’école, est suffisamment puant pour qu’on ne s’en étonne malheureusement plus totalement...

Illustration : Mémorial pour les victimes gays et lesbiennes du nazisme, à Cologne. Photo de Jörg Lenk

Notes

[1Union Nationale des Associations de Déportés, Internés et Familles de Disparus-Fédération Nationale des Déportés et Internés de la Résistance