À La Riche, la CGT dénonce « une grande souffrance », « un management inepte » et « un autoritarisme exacerbé »

Le maire de La Riche, Wilfried Schwartz a annoncé qu’il portait plainte pour diffamation contre deux agents de la ville qui dénonçaient un management autoritaire [1]. Pourtant, le bulletin de la section CGT des agents municipaux, publié en juin 2019, évoquait déjà « une gestion désastreuse du personnel », accompagnée d’humiliations, d’intimidations et de pressions. Nous reproduisons ci-dessous le contenu de ce bulletin.

Le syndicat CGT Tours Métropole, en concertation avec les représentants du personnel de La Riche ont organisé dernièrement une réunion d’Information Syndicale à destination des agents de la collectivité, une réunion qui avait pour objectif principal de prendre le pouls du plus grand nombre, de mesurer l’état d’esprit général et d’évaluer la situation actuelle à travers des conditions de travail dégradées...

Très vite, la parole s’est libérée et il est apparu que le problème le plus couramment cité, parce que préoccupant, était le turn-over incessant qui sévit depuis l’arrivée de la nouvelle équipe municipale et qui s’est accéléré ces deux dernières années. On dénombre ainsi plus de 40 départs, lesquels concernent aussi bien des agents de catégorie A et B, vulnérables du fait de leurs missions et responsabilités obligeant une proximité avec l’autorité, que des agents de catégorie C qui en subissent le contrecoup par ricochet. Cet état de fait induit de nombreux dysfonctionnements au sein des services, avec une perte de repères, des discontinuités de service, une disparition progressive du fil historique propre à toute mairie, ainsi qu’une désorganisation du travail en général.

Bien entendu, l’équipe municipale explique les départs par l’effet ventouse de la Métropole. Mais au final, cette attractivité a joué très peu dans les faits. Beaucoup d’agents ont quitté la collectivité dans des conditions désastreuses et dans l’urgence, notamment parce qu’ils ont été expressément « invités » à quitter la collectivité ou parce qu’ils étaient en grande souffrance. La désorganisation se retrouve à tous les niveaux, elle se propage insidieusement en détériorant plus particulièrement les services aux usagers mais aussi l’image de la collectivité à l’extérieur. Une interrogation nous taraude d’ailleurs à ce sujet : comment peut-on saborder son propre navire et le regarder prendre l’eau sans réagir ?

Un autre élément essentiel mérite d’être souligné : le management inepte mis en place par la collectivité et qui repose sur un autoritarisme exacerbé, une absence de concertation et surtout un manque de considération envers les agents. Cette gestion désastreuse du personnel provoque un stress important et cause de réels ravages dans les services (agents en souffrance et démobilisés).

Par ailleurs, les agents appelés, du fait de leurs missions, à être en contact avec les usagers et les partenaires doivent, de surcroît, faire face aux questionnements de ces derniers. Le changement fréquent de personnels, la désorganisation qui en découle fragilisent le suivi des dossiers, mettent à mal certaines actions... ce qui interpelle les observateurs extérieurs qui ne sont évidemment pas dupes ! Et ceci, même si le devoir de réserve nous réduit au silence !

D’où la nécessité absolue de lutter contre cette sorte d’omerta qui nous emprisonne, en se mobilisant, de contrer la désinformation qui règne en s’informant sur nos droits, de dénoncer les humiliations, intimidations et pressions incessantes en créant une force collective (l’union fait la force !) car la gestion du personnel par le stress amène à des situations inacceptables au regard du droit du travail et des textes régissant la fonction publique territoriale.

Il faut tout de même signaler qu’en faisant l’état des lieux, nous avons constaté qu’il existe des services (rares), souvent excentrés, où les choses ont l’air de mieux se dérouler, citons le Centre Technique Municipal qui semble fonctionner sans heurts ou problèmes notables, et où les agents paraissent de prime abord plus sereins par rapport aux années passées ; ceci, même si les injonctions contradictoires continuent avec des commandes qui ne font pas toujours sens. Le fonctionnement relativement normal de ces services est, certes, suffisamment singulier pour qu’il soit mentionné... mais malheureusement rien ne garantit que ce calme relatif continuera à se maintenir vu que les services sont touchés les uns après les autres en fonction des circonstances ou des événements.

Les représentants du personnel, sous l’impulsion des syndicats, notamment la CGT, ont obtenu la mise en place d’un audit sur la Qualité de Vie au Travail et les Risques Psychosociaux à destination de tous les agents de la collectivité. Cet audit sera porté par un organisme agréé (Via-Ethis) et devrait se mettre en place réellement à la fin de l’année 2019, un délai qui peut paraître long au regard de la souffrance des agents.

Mais nous vous exhortons tous, chers collègues, à y participer et ce, quels que soient vos missions, votre grade, votre implication au sein de la collectivité car nous sommes TOUS concernés ! Participer massivement à cet audit est essentiel pour que ses résultats aient vraiment du sens et pour que les données recueillies permettent d’analyser la qualité de vie au travail de l’ensemble des agents ; de tirer avec pertinence des conclusions que d’aucuns ne pourront réfuter ni relativiser ni minimiser du fait justement du nombre de participants. Il ne sera pas question au terme de cet audit de couper de nouvelles têtes, car l’hémorragie a assez duré mais la collectivité doit prendre sans attendre ses responsabilités ! L’heure aujourd’hui est de dresser de façon incontestable des constats, de remédier aux dysfonctionnements actuels et aux conditions de travail déplorables qui gangrènent la collectivité.

Sachons-le, aucun combat ne se mène sans l’émergence d’un rapport de force et aucun rapport de force (a fortiori quand il est déséquilibré, comme c’est le cas pour nous) n’est renversé sans le poids du nombre. Puisque nous sommes TOUS sur le même navire, et plus exactement dans la même galère, il est de notre devoir d’être solidaires et de nous unir pour agir. Rien, absolument RIEN ne pourra changer sans cette unité, sans la force que représente le collectif.

P.-S.

La directrice générale des services de la ville, Ouassila Soum, est visée par une plainte pour harcèlement moral. Elle a également annoncé avoir porté plainte.

Notes

[1« La Riche : le maire et sa directrice générale portent plainte pour diffamation », La Nouvelle République, 01/10/19.