26 mai : des milliers de manifestants à Tours contre la loi Travail, gaz à tous les étages

Les organisations syndicales appelaient à une nouvelle journée d’action ce jeudi 26 mai. La manifestation s’est jouée en deux temps : un premier cortège de 4 000 personnes a fini gazé par les flics en bas du pont Mirabeau ; deux heures plus tard, 200 manifestants ont été poursuivis le long de la rue Nationale.

ACTE I

Les organisations syndicales appelaient à un nouvelle journée d’action contre la loi El Khomri ce jeudi 26 mai. A 10h, un important cortège est parti de la place de la Liberté pour remonter l’avenue de Grammont et la rue Nationale. Parmi les personnes mobilisées, on pouvait voir des salariés de la centrale de Chinon, du laboratoire de Touraine (qui avaient déjà manifesté lundi, contre la fermeture de leur structure), des cheminots, etc.

Arrivée place Anatole France, la tête de cortège a emprunté l’avenue Malraux, comme la semaine précédente. Et après un instant de flottement, le gros de la manif a suivi. Encore une fois, on manifestait joyeusement en bords de Loire et sous le soleil, en direction de l’autoroute.

Une ligne de flics, positionnée en travers de l’avenue, a reculé sous les sifflets. Elle a ensuite bloqué la voie au niveau du pont Mirabeau. Les manifestant-es ont continué à avancer jusqu’à se retrouver à deux mètres des policiers en tenue anti-émeute et armés de flashball.

Presque immédiatement, les lanceurs de grenades lacrymogènes sont entrés en action, arrosant tout le cortège et couvrant l’avenue de gaz. Pour dégager celles et ceux qui n’avaient pas reculé, les flics ont ensuite sorti les matraques et les sprays lacrymo, distribuant les coups avec entrain.

Malgré toute la bonne volonté qu’ils y ont mis, ils n’ont pas réussi à disperser les manifestant-es, qui sont revenus à un mètre de la ligne de flics, levant pour certain-es les mains en l’air, et dénonçant le comportement des policiers.

Après un long face à face, le cortège, qui comptait encore plus d’un millier de personnes, est reparti vers la place Anatole France, pendant que les flics repositionnaient leurs fourgons place Foire le roi. Au moins trois manifestant-es ont été blessées, dont un membre des Jeunesses Communistes qui a fini le bras en écharpe après des coups de matraques des flics [1].

Encore une fois, on a pu constater que la mobilisation ne faiblissait pas. Au contraire, les personnes mobilisées contre la loi Travail semblent de plus en plus déterminées.

La Nouvelle République a assuré un suivi « direct » de la manifestation, dans lequel on peut lire :
 

« Vers 12 h 15, les policiers, désormais au nombre d’une cinquantaine, ont lancé une première charge contre les 1.500 manifestants, lançant une centaine de bombes à gaz lacrymogène, juste au niveau du pont. Manifestants et policiers se font toujours face. Des cailloux volent. Une deuxième charge a suivi. Les manifestants se sont finalement dispersés vers 12 h 40. »

 
Rappelons que la police n’emploie pas de « bombes à gaz lacrymogène », mais des grenades (elle en a balancé quelques-unes) et des projectiles contenant des cartouches de gaz lacrymogène envoyés à l’aide de lanceurs « Cougar ». D’ailleurs, si ces lanceurs doivent normalement donner lieu à des tirs en cloche, un manifestant évoquait un tir tendu en direction du cortège.
 
Quant à la phrase « des cailloux volent », elle exagère grossièrement la situation pour donner l’impression d’une réciprocité dans la violence, ce qui paraîtra ridicule à toutes les personnes présentes dans la manif. A notre connaissance, un seul caillou a été lancé en direction des flics, après que ces derniers aient arrosé le cortège de gaz.

ACTE II

Après un long temps mort, les policiers ont décidé de déloger les 200 personnes qui étaient encore place Anatole France et bloquaient la voie de tram. Mais les manifestant-es n’allaient pas assez vite au goût des flics. Ces derniers ont décidé d’arroser la place de lacrymogènes, puis de repousser tout le monde dans la rue Nationale, où le déploiement policier était assez hallucinant — ils avaient même sorti le camion chargé des contrôles techniques...

Palets de gaz lacrymogène place Jean Jaurès

De nouvelles salves de gaz lacrymogènes ont été balancées place Jean Jaurès, provoquant au moins deux malaises. Après plusieurs charges de flics, les derniers manifestants se sont dispersés dans les rues alentours. Une centaine d’entre eux se sont retrouvés sur le site universitaire de la rue Fromont, où une assemblée générale s’est tenue, avant un départ vers la fac des Tanneurs.

Les flics ont procédé à trois interpellations. Parmi les personnes arrêtées, un syndicaliste cheminot [2].

Si vous avez des informations, si vous avez été témoin d’une interpellation (ou que vous êtes le/la proche d’un-e interpellé-e), n’oubliez pas de prévenir la legal team à l’adresse mail suivante : legalteamtours37@gmail.com

P.-S.

Prenons nos précautions quand on sort pour une manif :

Notes

[1Il a écopé de dix jours d’arrêt de travail.

[2Aux dernières nouvelles (29/05, 16h), les trois interpellés de la veille ont bien quitté le commissariat. Le copain cheminot serait principalement accusé d’avoir "menacé de mort" un flic qui venait de le matraquer. Les deux autres personnes interpellées auraient 17 et 22 an ; et, à l’exception des charges supposées, à savoir outrage à agent pour le premier et violence aggravée pour l’autre (présomption de jets de pierres), nous n’avons pas plus d’informations.