19 avril : des milliers d’agitateurs professionnels dans les rues de Tours

A l’appel de trois organisations syndicales et du mouvement étudiant et lycéen, 6 000 personnes ont manifesté de la place de la Liberté jusqu’à la gare de Tours, où la grève des cheminots se poursuivait.

Une semaine après l’élargissement du mouvement lycéen — quatre lycées étaient bloqués le jeudi 10 avril —, un nouvel appel à manifester contre Parcousup et la loi ORE avait été lancé pour aujourd’hui. Cet appel collait avec celui lancé par la CGT, la FSU et Solidaires, qui avaient appelé à la grève pour protester contre les différentes réformes menées par le gouvernement. Enfin, ce 19 avril correspondait aussi à une nouvelle période de grève des cheminot-es mobilisé-es contre la réforme de la SNCF.

Malgré une forte présence policière devant les établissements scolaires ce matin, environ 2 000 lycéens et lycéennes ont convergé vers la place de la Liberté, équipé-es de pancartes bariolées de slogans tel que « Le tri c’est pour les déchets » ou « Rage against the Macron ». Le cortège s’est renforcé avec la présence d’environ 300 cheminot-es grévistes, dont les fumigènes ont ambiancé la manif. On comptait aussi des salarié-es de la santé, de l’université, de l’énergie, du privé, etc.

« Libérez nos camarades »

La présence policière était relativement importante par rapport à l’ordinaire des mobilisations tourangelles. En réaction aux quelques bagarres qui avaient émaillé les dernières manifestations lycéennes et aux violences policières de vendredi dernier — les flics avaient tiré des grenades lacrymogènes et désencerclantes sur les lycéen-nes —, étudiant-es et syndicats avaient constitué un service d’ordre. Malgré cela, ils ont peiné à canaliser l’énergie de la jeunesse, dont la présence n’avait pas été si massive depuis longtemps. Quelques petites bagarres ont d’ailleurs eu lieu, notamment aux alentours de la place Jean Jaurès, entraînant l’intervention des gros bras de la BAC, qui a procédé à quelques interpellations.

Arrivée à la gare, la manifestation syndicale s’est arrêtée pour quelques prises de paroles. Un responsable de la CGT Cheminots déclarait ainsi :

« Les organisations syndicales (...) constatent que le gouvernement n’a aucune volonté d’ouvrir de réelles négociations. Il s’enferme dans sa stratégie de concertation contre-productive teintée d’enfumage. La réforme qu’on nous propose est constituée de mesures technocratiques déconnectées des besoins des usagers et des cheminots, pour qu’on puisse travailler correctement. Les organisations syndicales (...) exigent d’autres mesures assises sur leurs propositions et leurs revendications. »

Une demi-heure plus tard, plusieurs centaines de personnes sont reparties en manifestation, toujours suivies de près par les flics, en scandant notamment « Libérez nos camarades » en référence aux élèves embarqués pour un contrôle d’identité devant le lycée Descartes avant 8h. Impossible, pourtant, d’aller répéter ce slogan devant le commissariat central : la rue Marceau était bloquée par une batterie de poulets équipés de casques et de boucliers. La manifestation a donc parcouru le boulevard Béranger, avant de remonter place Anatole France, quelques manifestant-es allant même jusqu’au lycée Paul-Louis Courier, qui était bloqué depuis le début de la journée. Une assemblée générale s’est improvisée dans l’amphi A de la faculté des Tanneurs.