Au CHU de Tours, les agents du service de néonatalogie dénoncent « une situation gravissime »

En grève depuis le 6 mai dernier, les services de néonatalogie de Tours voient leur situation de travail encore se dégrader. Les conditions d’accueil des patients, la formation des agent-es et le manque de moyens, autant de points d’inquiétude de ce service hospitalier. Communiqué.

Le 3 octobre 2019 s’est tenu une séance extraordinaire du CHSCT (comité d’hygiène, sécurité et condition de travail) du CHRU de Tours. Cette séance portait sur la dégradation des conditions de travail au sein des services de néonatalogie. Pour rappel, la néonatalogie au CHU ce sont : 2 unités de réanimation, 1 unité de soins intensifs, 1 unité de soins continus et 1 unité Kangourou.

Ces services sont en grève depuis le 6 mai dernier, et malgré la mobilisation conjointe des collègues et représentants du personnel, la situation ne cesse de se dégrader. En effet, nos alertes ont débuté dès juillet 2018 soit peu de temps après le déménagement de ces unités de Clocheville vers un bâtiment flambant neuf de Bretonneau. D’après la direction, tout allait bien dans le meilleur des mondes.

En réalité, rien ne va plus. Les collègues ne sont pas en nombre et accumulent les heures supplémentaires. Afin de pallier ce sous effectif récurrent, la direction a fermé deux lits de réanimation jusqu’au 15 septembre, prolongé jusqu’au 5 janvier 2020, pour respecter la légalité d’une infirmière puéricultrice pour deux prématurés en réanimation, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Mais, le sous effectif est tel, et sans possibilité de comblement, que des lits supplémentaires sont fermés de façon ponctuelle ou bien les lits restent ouverts mais en l’absence d’effectifs suffisants. Mais ces fermetures de lits ne sont pas sans répercussions car elles diminuent l’accès aux soins et obligent le transfert de mamans et prématurés vers d’autres établissements de la région eux-mêmes en difficulté pour les accueillir (CH Orléans, CH Bourges).

Mais la dégradation des conditions de travail ne s’arrête pas là ; le sous effectif entraîne une fatigue physique et psychologique des collègues. La direction a proposé, cet été, l’embauche de 10 mensualités de remplacement (entendez là « contrats précaires » !). Des nouveaux collègues, fraîchement diplômés, qu’il faut former, charge aux collègues en place d’assurer cette formation spécifique : on parle de réanimation sur des prématurés  !!!

La direction avait promis une formation de 15 jours en juillet, renouvelée une fois en septembre, pour les agents de jour. Mais devant l’absentéisme, la deuxième session n’a pu avoir lieu. Si l’on s’attarde sur les nouveaux arrivants de nuit, ceux-ci n’ont pu bénéficier que de 2 nuits de formation !! Cherchez l’erreur !!!

Pour continuer, certaines de ces nouvelles collègues, à peine formées, se voient affectées dans de nouveaux services. Devant cette situation de catastrophe imminente, des agents jettent l’éponge et demandent à changer de services ou souhaitent quitter l’hôpital. Pour les équipes ASH (agents de services hospitaliers), en charge de l’hygiène des locaux et des incubateurs (couveuses), la problématique est identique. Là aussi, de nouvelles collègues sont arrivées sans formation particulière, là aussi les risques sont élevés, notamment en matière d’infections nosocomiales.

Donc, lors de l’instance, les collègues ont à nouveau interpellé la direction pour dénoncer le manque d’effectif, la surcharge de travail, le manque de formation, l’épuisement professionnel. Ils ont décrit des répercussions au quotidien sur leurs conditions de travail, sur la prise en soins des enfants et de leurs familles, sur les carences, retards de soin voire d’erreurs inévitables et attendent des actes forts en matière d’embauche et de formation de la part d’une direction qui est restée silencieuse face à leurs attentes et qui s’abstient de toute réponse malgré l’urgence de la situation.
En tant que représentants des personnels, nous ne pouvons pas attendre qu’une catastrophe ait lieu et nous continuerons de soutenir nos collègues tout en dénonçant cette situation gravissime auprès de l’ARS Centre.

Les organisations syndicales CGT et SUD