C’est donc en fin d’après-midi le 5 décembre que des manifestants convergent vers le dépôt pétrolier de Saint-Pierre-des-Corps. À peine arrivée, la compagnie de policiers présents sur place prend position devant l’entrée du dépôt afin de protéger les allers-venues des camions citernes.


Après une invective enjouée mais dénuée d’insultes de la part d’un manifestant, c’est l’éternelle et désolante figure du cow-boy dominant qui fait encore surface, un policier menaçant un manifestant à hauteur de visage avec son lanceur de grenades.
Des témoins iront notifier les forces de l’ordre que cet agent, en plus d’avoir des pratiques dangereuses, illicites et provocantes, n’a aucun matricule visible comme l’obligerait pourtant la loi.
Des manifestants déterminés allumeront ensuite un feu à l’entrée de la rue, donnant lieu quelques minutes plus tard une première charge sans sommation des policiers. Une personne est alors blessée à la tête par un coup de matraque et les manifestants commencent à se disperser.



Après sommation cette fois, une seconde charge aura pour but de prendre l’entrée de la rue afin que celle-ci ne soit pas bloquée davantage par les flammes. Entravant une dispersion bien entamée, une pluie de grenades lacrymo s’abat devant les manifestants en mouvement, ainsi que sur les voitures en circulation.
Une voiture passante s’arrêtera d’ailleurs brutalement en dérapant après avoir reçu une grenade sur le capot.
Convergence des luttes
Lors de l’assemblée générale interprofessionnelle, je me suis exprimé en tant que photographe et militant pour dire que j’avais assisté à trop de manifestations de différentes professions qui mourraient continuellement après chaque défilé sans obtenir une once de leurs revendications. La surdité et la violence perpétuelle du gouvernement n’est plus tenable dans bien des secteurs et pour bien des individus, les luttes "pour perdre moins" qui se succèdent vainement doivent voir naitre de nouveaux moyens d’action.
Cela impliquera de composer d’avantage avec des idéaux aux reflets plus verts, jaunes, rouges, noirs (voire bleus ? hum...) que les nôtres mais qui luttent aussi à nos côtés, pour composer cette lutte comme une réelle convergence de luttes aux multiples bannières en restant solidaires sur l’ensemble des revendications, sans compromis face à l’État.
Je suis parfois intimement touché, comme beaucoup peut-être, par certaines de ces couleurs. Il semble aujourd’hui nécessaire de mettre concrètement en synergie les forces des différentes organisations établies : l’abnégation et la générosité du corps hospitalier en lutte au travail, l’inventivité et la combativité des gilets jaunes, l’expérience historique des syndicats (qui malgré un léger essoufflement, ont permis notamment les acquis sociaux aujourd’hui détricotés par le gouvernement), l’impact des agriculteurs, les techniques non-violentes inclusives du mouvement climat mais aussi la puissance d’action des routiers ; aussi des étudiants et lycéens, des pompiers, des archéologues et des autres corps de métiers, de tout individu en lutte contre le système capitaliste, notamment pour la défense des retraites.
Une réelle organisation transversale et horizontale reste à construire au sein du mouvement, constellée de multiples initiatives reliées entre elle. L’action de blocage du dépôt pétrolier a été furtive, et cela depuis son organisation (sans rien enlever à sa détermination et au soutien rencontré pourtant lors de l’AG). À nous de ne pas nous user vainement et de n’agir que pour impacter un réel rapport de force.
12 000 personnes se sont levées à Tours ce jeudi, qu’elles restent debout toutes ensembles.
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