Service de gynécologie : « Nous voulons alerter avant la déshumanisation de l’hôpital »

En grève depuis le 12 décembre, l’équipe soignante du service de gynécologie de l’hôpital Bretonneau a rédigé le communiqué suivant.

Depuis le 12 décembre, le service de gynécologie est en grève. Être en grève à l’hôpital ne change pas grand chose pour les patientes [1]. Nous avons à cœur de prendre soin des patientes même quand les conditions de travail sont difficiles. Et c’est en cela que faire grève à l’hôpital n’a pas grand poids.

Pour autant, nous continuons la grève car nous voulons faire comprendre à notre direction que ce n’est pas aussi simple d’imposer de mauvaises conditions de travail au personnel soignant. Nous voulons rester des soignants et pas seulement des techniciens.

La technique et le manque de personnel prennent le pas sur le relationnel et nous voulons alerter avant la déshumanisation de l’hôpital.

Notre effectif a été acté au comité technique d’établissement de 2015 et nécessite :

  • en hospitalisation complète : 1 ASH [2] le matin et 1 ASH le soir, 3 AS le matin et 2 le soir + 1 aide hôtelière, 2 IDE le matin + 2 IDE le soir et 1 IDE de coupure
  • en ambulatoire : 1 ASH le soir, 1 as le matin et 1 le soir, 1 IDE la matin et 1 le soir.

Toutes ces personnes ont une importance capitale dans la prise en charge des patients ; si une vient à manquer, c’est tout le service qui est désorganisé et s’il en manque d’avantage, la charge de travail n’est plus adaptée par rapport au personnel restant et la qualité des soins s’en trouve dégradée.

La direction générale rencontrée le 12 janvier 2017 dit nous avoir entendu. Ce n’est pas l’impression que nous avons, sinon pourquoi ne pas répondre à nos demandes ? Pour des raisons budgétaires, oui c’est sûr ! Nous parlons de notre souffrance et on nous répond en chiffre. Nous voulons prendre soin et on nous répond productivité, rentabilité. STOP ! Le temps humain ne se mesure pas ! Notre demande est pourtant simple, nous voulons un effectif suffisant tous les jours de l’année pour que nos patients soient en sécurité et bénéficient de soins de qualité.

Aujourd’hui, aucun accord n’a été trouvé. On nous propose un audit qui a déjà été réalisé l’an passé où il a été révélé des problèmes d’organisation notamment lié au manque de cette IDE de coupure. La direction ne reconnait pas les engagement qu’elle a pris lors du projet initial alors que le manque de personnel dans le service est réel.

Nous aussi, nous comprenons que être en effectif coutera de l’argent mais nous sommes IDE, AS, ASH pas comptables !! Pour nous ce qui est certains, c’est que soigner dans ces conditions n’est pas SOIGNER.

Illustration : doubichlou14

Notes

[1Dans la fonction publique hospitalière, les agents en grève peuvent être assignés afin d’assurer la permanence des soins.

[2ASH : agent des services hospitaliers ; IDE : Infirmier(e) Diplomé(e) d’Etat.