Retour sur l’expulsion du campement du Sanitas et le rassemblement qui a suivi

Lundi 31 août, quelques heures après l’expulsion du campement de migrants du Sanitas installé le 19 juin, un rassemblement a eu lieu devant le Vinci. L’occasion de faire le point sur la situation.

Les associations et les personnes solidaires avaient appelé dimanche à un rassemblement lundi soir dans le jardin de la préfecture, en solidarité avec le campement de migrants du Sanitas. C’était avant d’imaginer que le camp serait expulsé lundi matin.

Une heure avant le rendez-vous prévu, les grilles du jardin avaient été fermées par les flics. Malgré tout, une soixantaine de personnes se sont réunies devant le Vinci à partir de 17 heures, et ont pu échanger sur ce qui s’était passé dans la matinée. Une assemblée s’est tenue, le temps de faire le point et d’imaginer la suite des événements.

Après quoi les personnes présentes ont défilé vers la préfecture et la mairie, en criant des slogans de solidarité avec les sans-papiers et en faveur de logements pour toutes et tous. Devant la mairie, des pancartes visant à informer les passants ont été improvisées, après quoi le rassemblement s’est dispersé.

Pour les personnes évacuées, « une situation révoltante »

L’hébergement des personnes évacuées lundi matin est extrêmement précaire. La préfecture parle de trois ou quatre nuitées dans des hôtels, après quoi le 115 relogerait toutes les familles. Mais il y a peu de chances que le 115 trouve soudain les places qui ont manqué pendant les 74 jours d’existence du campement.

Et contrairement à ce que prétendent la préfecture et la mairie, relayées par certains médias, toutes les personnes du campement n’ont pas été relogées. Ainsi, une famille de quatre personnes qui, après avoir vécu sur le camp, a été hébergée pendant deux semaines dans un hôtel plein de punaises et est retournée à la rue lundi matin, se retrouve sans solutions.

Pendant l’assemblée qui s’est tenue devant le Vinci, il a aussi été signalé que l’hébergement des personnes du campement dans des hôtels de Tours Nord ne comprenait pas la nourriture, en dehors du petit-déjeuner. Et l’Accueil Familles, qui sert des repas à l’heure du déjeuner, n’est pas accessible à tous (les hommes seuls, ou les mères seules avec enfants ne sont pas servies). Rappelons que la solidarité mise en œuvre sur le camp permettait à toutes et tous d’être nourri-es à tous les repas.

La dispersion du campement vise clairement à invisibiliser les personnes migrantes sans solutions d’hébergement, et à briser les mécanismes de solidarité qui s’étaient mis en place. Certes, le camp n’avait pas vocation à durer ; mais la manière dont a été conduite l’expulsion, et la précarité des hébergement proposés, sont loin de satisfaire la revendication de solutions de logements dignes et pérennes. Pendant la discussion, des militants associatifs dénonçaient « une situation révoltante » et critiquaient la violence consistant à envoyer une quarantaine de flics réveiller des familles à l’aube pour les disperser.

Pour certains enfants du camp, comme pour les autres enfants de Tours, la journée du 1er septembre devait marquer le début de l’année scolaire. Mais ils sont désormais hébergés dans des hôtels extrêmement éloignés des établissements où ils ont été inscrits, sans moyens pour y accéder. Une action est d’ailleurs prévue mercredi matin pour sensibiliser les parents d’élèves de l’école Marie Curie. Rendez-vous à 11h au local de Chrétiens Migrants, 4 allée de Luynes.