Qui se cache derrière le Jour de colère organisé à Tours ?

Le dimanche 6 avril prochain, l’extrême-droite de toute la région manifestera à Tours, dans une déclinaison locale du Jour de colère qui a eu lieu à Paris le 26 janvier dernier. Ce Jour de colère 37 (JDC37) est l’occasion de se pencher sur la composition régionale du mouvement... et sur les réponses à apporter à ce défilé.

Le 26 janvier, à Paris, tout ce que la France compte de réactionnaires avait défilé sous l’étiquette « Jour de colère » : frange dure des Bonnets rouges, Printemps français (ultras du mouvement anti-mariage gay), catho intégristes, dieudonnistes et soraliens, groupuscules identitaires et nationalistes avaient battus le pavé. Bilan : 15 000 personnes dans la rue laissant libre cours à leurs haines de l’autre sous toutes ses formes (personnes LGBT, étrangers, francs-maçons), de la gauche, de la modernité, des taxes, selon les goûts particuliers de chacun. Les propos antisémites, les quenelles, les appels à la haine se sont multipliés ce jour-là de la part d’une droite extrême qui revivait un peu son 6 février 1934.

Dimanche prochain donc, les tourangeaux auront droit à une version locale de cette manifestation. Ce Jour de colère 37 (JDC37) est l’occasion de se pencher sur la composition régionale du mouvement.

Qui organise ce Jour de colère 37 ?

A Tours, les individus qui organisent la mobilisation ne sont pas issus de Vox populi comme l’on pourrait s’y attendre. Il faut dire que le groupuscule a du plomb dans l’aile depuis quelques mois. Depuis le bide de sa dernière marche aux flambeaux de novembre 2013, Pierre-Louis Mériguet accumule les problèmes : dérapage médiatique à coups de chaise, condamnation pour violence et, pompon sur le bonnet rouge (et peut-être corollaire direct de tous ces ratages), absence sur les listes municipales du FN37. Et ce n’est pas la présence d’une adhérente fantôme de son groupuscule sur la liste de Gilles Godefroy qui va faire oublier cette suite de ratages. Bref, toujours est-il que Pierre-Louis Mériguet n’est pour rien dans cette initiative, trop occupé qu’il est à vendre sa boutique (et à faire ses bagages pour Paris, selon certains).

Les organisateurs semblent en fait être issus de l’extrême-droite classique. Classique et confuse : sur la page Facebook de JDC37, entre deux caricatures comparant les socialistes au pouvoir aux nazis, on trouve un appel au retour de Nicolas Sarkozy, ce qui en dit long sur le niveau politique des lascars. S’il y a peu de choses à dire sur les organisateurs, leurs soutiens et relais, eux, en disent long sur les réseaux qui se mobilisent pour le 6 avril.

Les organisateurs, qui ont lancé une souscription pour le financement de leur journée, avec un objectif de 800 euros, n’ont pour l’instant récolté qu’une centaine d’euros. Les donateurs sont significatifs des origines des membres du jour de colère régional. Sur six donateurs, Google nous apprend que deux sont proches du FN : Erwan Le Mintier a été candidat aux législatives 2012 pour le FN à Bourges. Bruno Etourneau lui, a participé à l’organisation de la campagne municipale du Rassemblement Bleu Marine 2014 à Poitiers avant d’être remplacé par un autre.

Qui trouvera-t-on dimanche 6 avril dans la rue ?

Si Vox populi n’est pas organisateur, on retrouve parmi les participants déclarés nombre de nos militants identitaires locaux en mal d’action. Ainsi, plusieurs membres du Turone 1951, club de supporters ultra et réservoir de petits bras pour Vox Populi, annoncent qu’ils participeront à la manif du 6 avril. comme Yoann L. et Jean-Baptiste V., les deux vice-présidents du groupe. La manifestation promet d’être riche en fumigènes...

On note aussi la présence de Laurent Arrondeau, probablement le pire antisémite de Touraine (et accessoirement ancien suppléant aux Cantonales de 2011 pour le compte du FN) [1]. Plus étonnant, Marceau Allouis, leader aux tatouages néonazis du Front de Défense de la France, un OVNI lepéno-sarkozyste à tendance survivaliste et paramilitaire sera aussi présent [2]. A côté des habitués des manifestations radicales, on trouvera probablement quelques adeptes de l’extrême-droite « respectable » : par exemple, Marc Diméglio, membre de la liste de Gilles Godefroy aux municipales de Tours, déclare qu’il participera le 6 avril.

Quelques propos en vrac de Laurent Arrondeau, histoire de rappeler que, loin des plateaux télé et des discours de campagnes policés, cette extrême-droite là existe toujours. Notons que Arrondeau est ami avec JP Sanchez (n°2 sur la liste municipale FN de Joué-lès-Tours) et de Marc Dimeglio (présent sur la liste de Godefroy). Ceux-ci se gardent bien de s’offusquer des propos d’Arrondeau.

En dehors de Tours, des dieudonnistes angevins, des néonazis de Bourges, annoncent leur venue. Bref, tout ce que les départements limitrophes comptent de fachos. On peut supposer que les soutiens financiers dont Le Mintier et Etourneau seront aussi de la partie. Le détail du bestiaire que nous verrons le 6 dans nos rues est disponible sur leur page facebook.

Ne pas laisser la rue à l’extrême-droite

Le 6 avril, Tours verra donc débouler dans ses rues un mélange de néonazis, d’antisémites complotistes, de soraliens et de réactionnaires de tous poils. Il est difficile de prévoir si le jour de colère régional sera un succès ou non, puisqu’un « like » sur Facebook n’engage à rien. Mais au fond, qu’ils soient 40 ou 400 dans la rue, là n’est pas la question. La question est combien nous serons en face pour dire à cette droite extrême que la rue ne lui appartient pas et que ses lubies réactionnaires n’ont pas leur place à Tours.

Un collectif d’organisations de gauche organise une contre-manifestation, le même jour, dimanche 6 avril à 14h30, place Jean Jaurès. Soyons nombreux à ce rassemblement, pour faire comprendre à l’extrême-droite, qu’avec ou sans flambeaux, avec ou sans drapeaux français ou tourangeaux, avec ou sans quenelles, en costard ou en treillis, elle et ses idées ne sont pas les bienvenues sur la place publique tourangelle. L’appel à manifester est lisible ici : Contre la tenue d’un Jour de colère régional à Tours.

Des antifascistes tourangeaux

Notes

[1Plus d’infos sur cet individu par là.

[2Plus d’infos sur ce groupe ici.