Prendre parti contre le Front National

Un texte qui dit bien la situation du pays où l’on vit et qui ouvre les portes d’un devenir révolutionnaire. Texte issu du site Rebellyon, parent lyonnais de La Rotative.

« Ces derniers temps, en France, on a l’impression de manquer d’air. Avec les dernières percées électorales du Front National, les sorties sur la décadence de la France d’un Zemmour ou d’un Soral, les buzz des vidéos de Dieudonné, le petit peuple de droite qui sort à l’appel de la « Manif pour tous » en nous expliquant ce qu’est un « homme », une « femme », une « famille ». Sans parler des mobilisations d’acharnés contre la « théorie du genre » et pour « Jour de colère », le développement des « voisins vigilants », petits groupes de vieux bourgeois calfeutrés derrière leur fenêtre à défendre leur pré-carré pavillonnaire.

Ajoutez à cela les appels à déloger les squats de migrants à Calais, des riverains s’organisant pour aller incendier le camp de Rroms d’à coté (à Bobigny, à Marseille), un bijoutier qui récolte un million de « likes » sur Facebook après avoir tué son braqueur d’une balle dans le dos, et on peut se dire que les temps sont à la radicalisation. Maintenant, n’importe qui peut se mettre à faire le flic pour de vrai et à vous écraser la gueule s’il s’estime dans son bon droit. L’époque du ressentiment, de la colère rentrée, c’est terminé. Les forces conservatrices se la jouent décomplexé.

Face à cette réalité qui déboule, le réflexe gauche reste l’indignation, quand ce n’est pas la dénégation. On réagit en s’offusquant et en criant à la « montée du fascisme », en appelant à la « vigilance constante » – et surtout, le moment venu, à retourner voter PS. C’est un peu limité. Un peu débile. On sent bien que tout ça manque d’ambition. On sent bien à travers ces bêtises qu’aujourd’hui la politique française se résume à la gestion d’une cocote-minute sous pression : freiner la montée du chômage, freiner la progression du Front National, freiner l’inexorable réchauffement climatique, etc. Retarder autant que possible l’explosion.

Dans ce contexte, le FN occupe naturellement le devant de la scène. Il est une boussole aussi bien pour les groupes nationalistes qui naviguent à ses bords que pour la classe politique dans son ensemble. À bien regarder, une bonne partie des thématiques, des idées, des propositions du FN se trouvent déjà dans les programmes de ses concurrents. Une bonne part de notre actuel « débat public » – la surenchère à propos de l’Islam, la haine des Rroms et tout le discours sur le « droit à la sécurité » – se structure autour de thèses formulées par ce parti, dans les dernières années. Ce n’est pas un obscure fasciste qui disait, il y a quelques mois, que les Rroms étaient in-intégrables et qu’ils avaient vocation à retourner en Roumanie, mais Manuel Valls, ministre de l’Intérieur d’un gouvernement socialiste. Et ce n’est pas un jeune néo-nazi qui fanfaronnait, en 2010, sur « les civilisations qui ne se valent pas » et qui s’alarmait, deux ans plus tard, que « les Français ne se sentent plus chez eux » ; mais Claude Guéant, également ministre de l’Intérieur ; sous Sarkozy cette fois [1]. »

La suite de l’article est disponible sur le site Rebellyon.info.

P.-S.

Une manifestation nationale contre le FN et le racisme d’État aura lieu à Lyon le 29 novembre lors du congrès du FN.

Notes

[1S’il s’avérait dans les prochaines années qu’il doive y avoir un ministre de l’Intérieur Front National, on lui souhaite bien du courage pour arriver à se démarquer, dans la radicalité verbale, de ses prédécesseurs.