Prélevement abusif sur l’Allocation pour Demandeur d’Asile au foyer Albert Thomas

Malgré la liquidation de la structure gérant le foyer Albert Thomas, certains résidents sont toujours prélevés d’une somme censée payer leur hébergement. Le foyer est pourtant autogéré depuis fin décembre et fonctionne grâce aux résidents et à la solidarité.

L’Allocation pour Demandeur d’Asile (ADA) est accordée par l’Office Français de d’Immigration et de l’Intégration (OFII) sur des critères bien précis. Peu de réfugiés y ont réellement accès à ce jour. L’un des critères principaux est d’accepter les conditions matérielles d’accueil proposées — le plus souvent via une place en Hébergement d’Urgence pour Demandeurs d’Asile (HUDA) ou en Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile (CADA). La personne dite alors « stabilisée » se voit du coup prélevée, toujours par l’OFII, d’une partie de son ADA afin de compenser ses frais d’hébergement.

Au foyer Albert Thomas, certains résidents demandeurs d’asile étaient envoyés directement par l’OFII [1] et l’association Foyer Albert Thomas recevait à ce titre une somme via la Direction Départementale de la Cohésion Sociale (DDCS) correspondant au nombre de personnes accueillies.

A ce jour, l’association Foyer Albert Thomas, mise en liquidation fin 2016, ne reçoit donc plus d’argent de la DDCS et ce sont les résidents eux-même qui gèrent le foyer. La cuisine est faite par les résidents (grâce aux dons et livraisons de la Banque Alimentaire) qui s’occupent également de l’entretien des locaux appartenant à la mairie. Cette dernière n’a pas manqué de mettre en avant leur responsabilité à ce sujet lors d’un rendez-vous, acceptant finalement implicitement l’occupation du foyer qui était bloqué de fait sans son accord. Les résidents doivent selon ses mots assurer correctement l’entretien des locaux dont ils sont soit-disant entièrement responsables, ainsi que leur sécurité propre.

Pour autant, les résidents bénéficiant de l’ADA sont toujours prélevés d’environ 120 euros sur leurs 300 euros d’aide. Contactée par téléphone, l’OFII a répondu qu’il était impossible de stopper ces prélèvement une fois la personne dite « stabilisée », et que ces personnes étaient toujours au foyer Albert Thomas, refusant de considérer que celui-ci n’existe plus administrativement à ce jour et qu’aucune structure ne reçoit cet argent.

Aucune précision n’a été communiquée sur l’utilisation de la somme prélevée. Aucune proposition d’hébergement n’a été faite aux demandeurs d’asile malgré les promesses de la DDCS à ce sujet et à l’obligation légale de l’OFII de leur proposer un logement. Enfin, aucune perspective ne leur a été donnée par la Croix-Rouge, repreneur du foyer désigné par la DDCS dans le cadre du récent appel à projets. L’une des seules choses évoquées par la DDCS dans le cadre de l’appel à projet est la restriction de l’accès du foyer à un public relevant du droit commun (hors personnes déboutées du droit d’asile, "dublinées", etc.), la situation administrative devenant donc un critère d’accès à l’hébergement d’urgence.

A ce jour, les résidents sont toujours dans un flou absolu sur leur avenir proche en terme d’hébergement.

Une mobilisation est prévue le JEUDI 2 MARS à 17h30 Place Jean Jaurès, en soutien aux résidents du foyer Albert Thomas et des CAO de Saint-Pierre-des-Corps et de Grandmont

Notes

[116 places sur 36 relevaient d’un agrément HUDA (Hébergement d’Urgence pour Demandeur d’Asile) délivré par l’OFII plutôt que de créer des places pérennes dédiées aux demandeurs d’asile, pour qu’ensuite Préfet et DDCS crient haut et fort vouloir réserver l’accès au foyer à un public "traditionnel" ou relevant du droit commun.