Nécrologie : La Nouvelle République fait l’impasse sur l’activisme d’extrême-droite de François Sidos

Dans l’article qu’il consacre aux obsèques de François Sidos, mort le 3 septembre, le quotidien local ne dit rien de son activisme au sein de groupes nationalistes et racistes.

« L’hommage de la marine au vétéran François Sidos », c’est ainsi que La Nouvelle République titre son article relatif aux obsèques du vieillard nationaliste [1] ; elle aurait aussi bien pu titrer « L’hommage de l’extrême-droite au militant François Sidos ». La revue Présent lui a consacré un article, et le militant fasciste Yvan Benedetti s’est fendu d’un message d’hommage qui laisse penser qu’il était présent à la cérémonie religieuse, qui s’est déroulée dans une église intégriste de Tours.

Fils de François Sidos, haut responsable de la Milice française fusillé le 28 mars 1946, François Junior s’engage dans les Forces navales françaises libres et participe au débarquement en Provence en 1944, alors que ses frères Pierre et Jacques ont rejoint la milice. Mais la fratrie se réconcilie après la guerre, avec la création en 1949 du mouvement d’extrême-droite Jeune Nation, qui milite notamment pour l’Algérie française. C’est l’un des frangins Sidos qui fera de la croix celtique un symbole de la droite nationaliste. Dans le message d’hommage de Benedetti, le portrait de Sidos, qui semble tiré du livret de cérémonie, est d’ailleurs accompagné de ce symbole.

François Sidos participera ensuite à Europe Action, un mouvement d’extrême droite réunissant en son sein des personnalités telles que François Duprat, Dominique Venner ou Alain de Benoist, ainsi qu’une poignée d’anciens collaborateurs. La revue associée au mouvement diffuse des thèses ouvertement racistes. Dans les années 80, Sidos milite au Front National. Son fils François-Xavier, outre ses activités de mercenaire, deviendra directeur-adjoint du cabinet de Jean-Marie Le Pen [2].

En 2007, il était candidat suppléant aux législatives, dans la deuxième circonscription d’Indre-et-Loire, pour le Mouvement national républicain de Bruno Mégret. En 2013, il participe à un ouvrage collectif en hommage à Dominique Venner, après que ce dernier se soit tiré une balle dans la tête dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. La présentation de l’ouvrage indique : « Le devoir de chaque militant nationaliste est de continuer et d’amplifier le combat contre l’oligarchie mondialiste et sa politique destructrice de nos identités et de nos libertés, le combat pour que revive une France française dans une Europe européenne ».

On est donc loin du parcours du brave vétéran que La Nouvelle République livre à ses lecteur-ices, en occultant 70 ans d’engagement au service d’idées racistes.

Illustration : meeting du mouvement Jeune Nation, 1960.

Notes

[1La Nouvelle République, 08/09/2019.

[2Voir le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les agissements du Département Protection Sécurité (DPS) du Front National.