Maternité de Chinon : les bébés doivent-ils être rentables ?

Le rapport de la Chambre régionale des comptes du Centre Val de Loire, publié le 14 octobre, pointe le manque de rentabilité de l’hôpital de Chinon. Avec ses 560 naissances par an, la maternité serait en danger. Communiqué du collectif « Notre santé en danger » d’Indre-et-Loire.

Le rapport de la Chambre régionale des comptes Centre Val de Loire rendu public récemment sur l’Hôpital de Chinon nous laisse pantois [1]. Les termes utilisés n’ont rien à voir avec les besoins en santé. Il est question de parts de marché, de rentabilité… L’hôpital aurait trop embauché et la maternité ne serait pas rentable avec seulement 560 naissances par an, il en faudrait 1 100 à 1 200.

Pourtant, la politique de santé vis-à-vis des hôpitaux peut-être clairement interrogée quand il est reconnu dans ce rapport qu’avec la T2A [2], l’hôpital s’est mis en déficit ; que, avec la convention entre la clinique privée Jeanne d’Arc [3] et l’hôpital, les flux financiers se font au bénéfice de la clinique. On apprend également que des médecins, profitant de la pénurie, ont négocié très cher leur salaire mettant un peu plus en difficulté l’établissement. Tout ceci sans compter les restrictions budgétaires votées avec le Projet de loi de financement de la sécurité sociale avec une enveloppe toujours plus restreinte pour les hôpitaux.

« La maternité du CHC n’apparaît pas comme une activité soutenable »

 La chambre observe que la maternité du CHC n’apparaît pas comme une activité soutenable en l’état. Si différentes solutions sont envisagées, elle considère qu’une décision doit être prise pour ne pas obérer la situation financière de l’établissement dans un avenir proche. De même, l’hôpital doit concevoir une offre de soins de proximité, conforme à la perspective de vieillissement de son bassin de recrutement. Ainsi, il pourrait utilement envisager d’explorer, en lien avec l’ARS et le CHRU de Tours, la possibilité d’un double repositionnement de son activité vers une prise en charge élargie de gériatrie et de SSR Soins de Suite et de Réadaptation, articulée avec une évolution de sa maternité vers un centre de périnatalité avancé du CHRU.

Ces préconisations du rapport rentrent bien dans le cadre du plan « Ma santé 2022 » qui prévoit de transformer les hôpitaux périphériques en hôpitaux de « proximité » avec les mêmes caractéristiques que ce que propose la cour des comptes. Pour cette raison, les dénégations de l’ARS ne nous rassurent pas car les menaces de fermeture commencent souvent par un rapport défavorable de la cour des comptes, comme ce fut le cas à Vierzon. Il a fallu toute la mobilisation du personnel, de la population et des élus pour faire reculer ce projet. À Creil, la maternité de niveau 3, pas assez rentable, a fermé avec 1 700 accouchements par an !

La maternité de Chinon, une des 40 en France à être reconnue comme labellisée « Amie des bébés », attire également des parturientes de Tours recherchant une maternité à taille humaine. Le collectif « Notre santé en danger » appelle les usager-ères à s’organiser pour défendre leur hôpital et leur maternité et à participer aux mobilisations dans la santé, notamment le 14 novembre prochain, journée nationale de défense de la santé aux côtés des professionnel-les de santé.

Notre collectif appartient à la Coordination des Hôpitaux et maternités de proximité qui a tenu ses rencontres nationales du 17 au 19 octobre et qui fait état de situations similaires et s’attache à coordonner ces luttes.

Pour nous joindre : collectifsante37@gmail.com ou retrouvez-nous sur notre blog, notre Facebook et notre Twitter

Notes

[1Le rapport est disponible sur le site de la cour des comptes.

[2La T2A est la tarification à l’activité. Elle représente aujourd’hui 70 % des ressources des hôpitaux publics. Comme son nom l’indique, elle rémunère les établissements en fonction de l’activité médicale qu’ils réalisent.

[3Dès 1998, un protocole a été établi entre le CHC, la clinique Jeanne d’Arc. La répartition initiale prévoyait que le l’hôpital assurerait les activités de gynécologie-obstétrique, de médecine, de soins de suite et rééducation, de psychiatrie et d’urgences et la clinique assurerait les activités de chirurgie (plateau technique) y compris de chirurgie gynécologique.