Manifestation des retraités : « le minimum vieillesse a connu une augmentation faramineuse de 80 centimes »

Ce jeudi 9 juin, les syndicats de retraités organisaient une manifestation à Tours. Environ 200 personnes ont défilé de la place Jean Jaurès à la préfecture. Échange avec un retraité syndiqué.

Tu peux m’expliquer pourquoi les retraité-es manifestaient ce 9 juin ?

Les retraités manifestaient aujourd’hui, comme ils manifestent depuis des mois, voire plus, sur la question du niveau des pensions de retraite, et le décrochage des pensions par rapport au salaire moyen. Le deuxième point, c’est sur la fiscalité, avec notamment la question de la demi-part fiscale pour veufs et veuves isolés, et l’imposition de la majoration de pension pour ceux qui ont élevé trois enfants ou plus.

Autre point, c’est le niveau de vie des retraités, qui résulte de ce que j’ai déjà cité. Ils rencontrent des difficultés pour se soigner, avec des désaffiliations des mutuelles, dont le prix devient très élevé lorsqu’on devient retraité. Il y a aussi la question de la dépendance : le gouvernement a procédé à une hausse de l’allocation personnalisée d’autonomie pour les personnes qui restent à domicile, mais pas pour les personnes qui sont en maisons de retraite.

Nous manifestons aussi sur la question de la perte d’autonomie. Les maisons de retraite sont inaccessibles, du fait de leurs tarifs, à la plus grande partie des retraités. Et le manque de moyens, notamment en personnel dans les EHPAD— comme en témoignent les grèves dans des établissements à Joué, Semblançay et La Membrolle— rend le séjour dans ces institutions particulièrement pénible.

Quel est le niveau moyen des pensions aujourd’hui ?

La pension moyenne s’élève à 1 322 euros bruts. L’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA), ex « minimum vieillesse », a connu une augmentation faramineuse, puisqu’elle est passée de 800 euros à 800,80 euros.

La pension moyenne s’élève à 1 660 euros pour les hommes et 1 000 euros pour les femmes.

Les retraité-es sont mobilisé-es sur ces questions depuis longtemps. Avez-vous l’impression d’être écouté-es ?

Une délégation a été reçue par des sous-fifres du ministère des Finances, mais ils ne cèdent rien sur les revendications.

Dans d’autres villes, les manifestations des retraité-es intégraient des revendications relatives à la loi Travail...

Tout à fait. D’ailleurs, on en a parlé quand on a été reçus par le directeur de cabinet du préfet. C’est clair pour nous que, si cette loi passe, ça entraînera des baisses des salaires, et donc des cotisations : cela mettra les retraites en péril. Mécaniquement, on est solidaires.

De nombreux retraité-es ont poursuivi la manifestation jusqu’au palais de Justice, où un lycéen est présenté devant le juge suite à la manifestation du 26 mai.

On a évoqué la question des violences policières devant le directeur de cabinet du préfet. On a notamment parlé de l’usage complètement inapproprié des gaz lacrymogènes.

Tu milites à Tours depuis de nombreuses années. Quel regard portes-tu sur la stratégie de maintien de l’ordre mise en œuvre par le préfet ?

Même en 68, on a jamais eu de gaz lacrymogène. C’est la première fois que je vois ça. Et à chaque fois que la police est en retrait, ça se passe gentiment. Le fait aggravant, c’est la présence des brigades anti-criminalité (BAC) : je ne vois pas ce que les BAC font face à des manifestants. Cela revient à les qualifier de criminels.

Crédit photo : Maurice Béguin