Le collectif Notre santé en Danger réagit suite aux annonces sur les hôpitaux du département

Le collectif Notre Santé en Danger donne son analyse après la signature du plan COPERMO le 17 janvier et les « déficits » des hôpitaux de Loches et Chinon. Il appelle à la mobilisation nationale le 14 février dans la santé, avec un rendez-vous à Tours et un à Chinon.

Le CHRU de Tours a reçu le 17 janvier dernier l’avis définitif du COPERMO (Comité pour la Performance et la Modernisation de l’Hôpital) qui l’autorise à implanter la pédiatrie et la biologie sur le site de Trousseau.

Nous pourrions nous réjouir de la construction d’un nouvel hôpital à Trousseau s’il n’était pas entièrement soumis aux contraintes budgétaires et corrélé à une nouvelle organisation technocratique qui a déjà amené 130 suppressions de lits sur 2018 et 2019 et de postes correspondants, la fermeture des hôpitaux de semaine et les difficultés aux urgences pour trouver des lits. Le personnel y est d’ailleurs en grève pour dénoncer les conditions de travail et de prise en charge des patients.

Le nouvel hôpital Clocheville

Nous nous réjouissons de l’annonce de la construction du « Nouvel Hôpital Clocheville » sur le nouveau site de Trousseau, en tant qu’entité pédiatrique dédiée. Nous pensons que la lutte pour le conserver, notamment menée par notre collectif santé, a porté ses fruits, mais nous restons vigilants sur ce point, conscients de l’émotion de la population face au risque de perdre cette structure historique dans la ville. Ainsi nous restons inquiet.es quant à la mutualisation, « synergie » prévue entre les services enfants et adultes. La spécificité de Clocheville, c’est l’environnement adapté, le personnel dédié, formé pour appréhender l’enfant et les parents. L’hémodialyse de Clocheville a déjà été transférée avec les adultes à Bretonneau. Nous aimerions être certain.es qu’il n’y aura pas de mutualisation du personnel entre enfants et adultes et que le personnel aura du temps pour une prise en charge adaptée.

Les derniers scandales de bébés renvoyés des services de réanimation de grands hôpitaux pédiatriques parisiens par manque de lit, mis dans des ambulances pour faire 200 kilomètres, ont provoqué l’émoi de nombreux parents et montré les limites de cette politique de santé qui restreint les moyens et les capacités d’accueil, y compris pour les enfants. La fermeture de la réanimation pédiatrique du Mans n’a fait que le confirmer.

Accentuation de l’ambulatoire

Malheureusement cette politique continue. Le Pr Patat, nouveau président de la Commission Médicale d’Établissement du CHU de Tours, dans une interview à la Nouvelle République en date du 24 janvier 2020, confirme que la restructuration des activités du CHRU de Tours se traduira de nouveau par une baisse du nombre de lits ; c’est la même logique comptable qui se poursuit pour les adultes comme pour les enfants. Il souligne :

Ce n’est jamais agréable pour un enfant et ses parents de devoir passer la nuit à l’hôpital, la nouvelle organisation fera en sorte qu’ils rentrent chez eux le plus vite possible. Nous ferons le plus d’ambulatoire possible dans la limite de la sécurité médicale. 

On sait déjà pour les adultes et particulièrement les personnes âgées comment se traduit cette course à l’ambulatoire : le renvoi au domicile à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit sans se soucier des conditions de vie de la personne, pouvant entraîner des allers-retours aux urgences et l’engorgement de ce service. La famille se trouve souvent dans le désarroi et épuisée. Que dire alors quand il s’agit des enfants qui du fait de leur fragilité peuvent se dégrader rapidement ? Les parents peuvent-ils se réjouir, quand renvoyés de l’hôpital, angoissés, ils doivent surveiller leur petit, devant prévoir un éventuel retour à ‘hôpital en cas d’aggravation ? Comment gérer ces situations quand on travaille ?

L’ambulatoire devrait rester un vrai choix pour les malades et leur famille, et ne jamais être imposé. Aujourd’hui c’est devenu une politique imposée par une réduction des dépenses hospitalières pour diminuer le nombre de lits et le personnel.

L’hémodialyse de Clocheville a déjà été transférée avec les adultes à Bretonneau. L’ophtalmo adulte accueille aussi des enfants. Nous craignons que cette mutualisation entre enfants et adultes s’étende et que le personnel n’aie pas le temps ni la formation pour une prise en charge adaptée aux enfants.
La psychiatrie quant à elle, devra sans doute se contenter de ce qui restera, rien n’est encore acté. Et l’Ermitage ?

Les hôpitaux périphériques menacés

Dernièrement les hôpitaux de Loches et Chinon ont fait l’objet d’une mise sous surveillance de l’ARS pour cause de « déficit » en fait dû à une insuffisance de dotations pour leur fonctionnement. La maternité de Chinon est à nouveau sur la sellette… des postes seraient aussi menacés. Il y a un lien entre la restructuration du CHU et les menaces sur les hôpitaux périphériques.
Le but n’est pas seulement la rénovation annoncée mais la « rationalisation des moyens » qui aboutit à la diminution de l’accès aux soins à l’hôpital public, au profit du privé qui se saisira de tout ce qui est « rentable ». Nous ne voulons pas d’un hôpital « entreprise » comme le dénonce le Pr Velut dans son livre [1].

C’est pourquoi nous invitons la population à participer à la mobilisation nationale dans la santé du 14 février, à l’appel de l’intersyndicale, des associations et collectifs de professionnels et d’usagers de la santé.

À Tours, rendez-vous devant l’Agence Régionale de Santé, 38 rue Edouard Vaillant à 10h le 14 février pour une manifestation qui se terminera par un pique-nique place Jean Jaurès, puis rendez-vous à 14h30 à Chinon.

Notes

[1« L’hôpital, une nouvelle industrie », éditions Gallimard, collection Tracts, livre du Pr Stéphane Velut, neurochirurgien au CHU de Tours