D’où est venue l’idée de créer une permanence pour les chômeurs ?
Elle est venue d’un constat : les chômeurs sont seuls face à un mur administratif, une grosse machine informatisée qui n’a pas été conçue pour être comprise par les usagers. L’industrialisation progressive du fonctionnement de Pôle Emploi à fait apparaître de nouveaux problèmes, et il est difficile d’y répondre quand on est isolé.
Quel est le fonctionnement de la permanence ?
L’idée est de tenir une permanence tous les quinze jours. Les chômeurs peuvent prendre rendez-vous auprès de l’accueil de l’Union Départementale CGT. En tant que retraité de Pôle Emploi, je connais le système de l’intérieur. Le but est donc de mettre cette connaissance à la disposition des chômeurs en difficulté, afin qu’ils puissent s’approprier les règles. Lorsqu’on perd son emploi, on entre dans un système différent de celui de l’entreprise. Et si l’on peut bénéficier de certaines mesures, on est souvent victime de certaines règles. Le B.A BA est donc d’expliquer aux chômeurs ce qu’ils peuvent faire dans le cadre existant.
Tu peux donner des exemples de conseil fourni ?
Une personne est venue parce qu’elle ne comprenait pas pourquoi elle n’avait pas obtenu le poste pour lequel elle avait candidaté. Cette personne voulait à la fois comprendre pourquoi elle n’avait pas obtenu le poste, et faire une réclamation. Il existe un système de réclamation individuelle, mais il est très peu connu et peu mis en valeur. J’ai donc indiqué à la personne reçue comment faire une réclamation, et je lui ai expliqué comment cette réclamation serait traitée. Car il n’est indiqué nulle part qu’une réclamation est adressée directement à l’agence de celui ou celle qui la formule. Être en mesure de s’approprier le système, c’est une question de dignité.
Il peut aussi s’agir d’aider un chômeur à formuler une réclamation. Quels arguments utiliser ? Comment aller à l’essentiel, pour que le courrier soit utile ? Comment saisir le médiateur du Pôle emploi, dont l’existence est peu connue ?
J’ai aidé une personne analphabète, qui recevait toutes ses convocations par internet, alors qu’elle ne savait pas s’en servir – elle parvenait seulement à s’actualiser chaque mois. Elle a donc reçu un avertissement avant radiation, mais elle n’a pas pu en prendre connaissance, puisqu’il lui a également été adressé par internet. Évidemment, elle n’a pas répondu, et elle a donc été radiée – soit deux mois sans allocation. Cette femme et son mari ont rédigé un courrier de réclamation, mais le directeur d’agence n’a pas jugé leurs arguments convaincants : la radiation était maintenue. Pour son compte, j’ai donc rédigé un recours auprès du médiateur, afin de plaider la bonne foi de la personne radiée. Une semaine après, son dossier était rétabli...
Pour prendre rendez-vous : 02 47 38 53 81