Nouvel épisode dans la guerre aux pauvres. La proposition de loi sur les « territoires zéro chômeurs », malgré un large consensus en première et seconde lecture devant les deux assemblées, a recueilli très peu d’écho médiatique. Ses défenseurs, au premier rang desquels ATD Quart-Monde, ont pourtant la prétention de révolutionner l’assurance chômage, rien de moins. Le projet vise une remise au travail de l’ensemble des chômeur-ses de longue durée, au SMIC, à budget égal pour « l’entreprise France ». Cynisme, aveuglement ou naïveté ? La philosophie sous-jacente a de quoi alerter.
Le mécanisme proposé, tel que décrit par ATD Quart-Monde, consiste dans un premier temps à organiser localement le repérage des forces de travail « inemployées » et des travaux « non solvables » qui pourraient être réalisés dans un cadre « non lucratif ». Une entreprise ad hoc salarierait alors, « à temps choisi », les chômeur-ses disponibles dans le cadre de CDI payés au SMIC. Le financement de ces emplois reposerait sur la réorientation des coûts directs et indirects du chômage, et sur les maigres recettes que pourront générer ces activités, délaissées par le secteur lucratif parce que réputées non rentables. Expérimenté dans un petit nombre de communes, le dispositif serait par la suite généralisé.
On voit donc mal comment il pourrait résulter d’une telle politique autre chose que la systématisation et l’extension maximale du marché du travail subventionné pauvre, une légitimation supplémentaire de l’idée que les chômeurs portent la responsabilité de leur situation et une invitation à poursuivre encore les attaques contre tous ceux que le capitalisme rejette aux périphéries du système productif rémunéré.
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Illustration : Saint-Denis, 1933, les marcheurs de la faim « contre le plan de misère de la bourgeoisie ».