L’affaire avait fait un certain bruit : en juillet 2015, le conseil de prud’hommes de Tours condamnait La Nouvelle République du Centre Ouest pour harcèlement sexuel. Dans un communiqué, l’Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail (AFVT) expliquait que c’était la première fois qu’une entreprise était condamnée pour avoir laissé persister un harcèlement sexuel dit « environnemental ». En effet, la salariée n’était pas directement visée par des propos ou des comportements à connotation sexuelle, mais elle y était exposée dans le cadre de son travail.
Ce mardi 7 février, la cour d’appel d’Orléans a donc confirmé la condamnation du groupe de presse pour le harcèlement sexuel et moral d’une ancienne journaliste de son agence locale de Châteauroux. D’après la rédaction locale de France 3, les magistrats ont rappelé que :
« Le harcèlement sexuel peut consister en un harcèlement environnemental ou d’ambiance, où, sans être directement visée, la victime subit les provocations et blagues obscènes et vulgaires qui lui deviennent insupportables »
Ils ont également souligné que le journal « n’[avait] pas satisfait à son obligation de sécurité ». D’après l’AFVT, qui s’était portée partie civile, des photos à caractère sexuel étaient affichées sur les murs de la rédaction, des images de femmes nues dans des postures dégradantes faisaient office d’économiseurs d’écran, et la salariée était exposée à des propos du type :
« Je vous ferai une photo bien dégueulasse de chatte en gros plan ».
Quand elle s’en plaignait, ses collègues masculins lui reprochaient de manquer d’humour. La direction s’était contentée de remettre à jour les dispositions du règlement intérieur relative au harcèlement sexuel.
La salariée a aussi été reconnue victime de harcèlement moral, subi dans le cadre d’un plan social engagé en 2009. La NR a été condamnée à verser 78 500 euros à son ancienne journaliste.
A l’époque de sa condamnation en première instance, La NR avait indiqué au site Arrêt sur images qu’elle attendrait la fin de la procédure pour s’exprimer et en informer ses lecteurs. Mais à la suite de sa condamnation en appel, la direction du journal a indiqué à l’AFP qu’elle ne ferait aucun commentaire sur cette décision.