La rentabilité devient l’unique excuse valable des grandes sociétés pour expliquer les fermetures abruptes entraînant des licenciements massifs d’employé-es. Auchan, qui a racheté toutes les franchises Simply l’année dernière, se plaint cette année d’une perte nette de près de 1 milliard d’euros. Un chiffre à mettre en regard du montant des dividendes versées ces dernières années : 600 millions d’euros entre 2015 et 2019, 313 millions pour la seule année 2018. En conséquence, le nouveau boss, Edgard Bonte, annonce « un plan d’élimination des foyers de perte ». Le résultat ne s’est pas fait attendre : une vingtaine de magasins vont fermer, laissant sur le carreau plus de 700 employé-es.

Et le pire, c’est que nombre de médias [1] justifient les pertes de la société par deux grandes raisons : d’une part, le changement de consommation d’un certain public, qui préfère des circuits courts et les producteurs locaux ; d’autre part, le mouvement des gilets jaunes. Conclusion : ce n’est pas l’avidité des actionnaires qui espèrent se mettre des dividendes juteux dans la poche qui cause la perte de rentabilité, mais les bobos de gauche qui consomment n’importe comment et les prolos jaunes qui ne comprennent décidément rien au monde moderne.

Pas d’inquiétude cependant à avoir pour Auchan. Des partenariats sont envisagés avec d’autres entreprises appartenant au groupe familial Mulliez, comme Decathlon, Leroy Merlin ou Boulanger, notamment dans les domaines clés de la livraison et des données clients. Des perspectives qui consoleront sûrement les salarié-es de Tours et Esvres.

Illustration Eneko Bidegain