EDF et le directeur de la centrale de Chinon convoqués au tribunal le 11 octobre

Communiqué de presse du réseau Sortir du Nucléaire concernant la convocation du directeur de la centrale d’Avoine et EDF devant le tribunal de police de Tours. Un « pique nique antinucléaire » est organisé dès midi devant la palais de justice.

Intervenants mal protégés, travaux de maintenance chaotiques, produits chimiques stockés en dépit du bon sens… Voici quelques-unes des nombreuses aberrations constatées par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à la centrale de Chinon (Indre-et-Loire) qui avaient amené le Réseau “Sortir du nucléaire“ à déposer une plainte en avril 2014.

Le Parquet ayant engagé des poursuites, l’audience aura lieu le 11 octobre à 14 h au tribunal de police de Tours. Ce procès sera aussi l’occasion de rappeler l’urgence de fermer cette centrale vieillissante !

Chinon cumule les infractions

Une dalle en béton en train de s’effondrer située au-dessus d’équipements cruciaux, un stockage aberrant et dangereux de produits chimiques incompatibles, des inondations internes récurrentes, des canalisations qui laissent échapper des substances toxiques…Voilà quelques-uns des problèmes (voir annexe ci-dessous) que l’Autorité de sûreté nucléaire avait relevés en 2013 suite à 9 inspections inopinées menées sur le réacteur B1 de la centrale nucléaire de Chinon. Ces inspections avaient lieu dans le cadre du contrôle des travaux destinés à prolonger son fonctionnement au-delà de 30 ans.

Le rapport d’inspection de l’ASN évoquait également une désorganisation manifeste des travaux : équipes mutées d’un chantier à l’autre sans continuité ni tuilage, dossiers d’interventions remplis de manière désordonnée, contrôles non effectués… Enfin, il relevait les conditions de travail déplorables de certains travailleurs sous-traitants, soumis à une irradiation élevée sans qu’une protection adéquate ne leur soit fournie.

Au vu de ces négligences inacceptables, le Réseau “Sortir du nucléaire“ avait porté plainte contre EDF le 3 avril 2014 pour une quinzaine d’infractions à la réglementation des installations nucléaires de base et au Code du travail. Le Parquet a alors engagé des poursuites contre le directeur de la centrale pour trois de ces infractions. Afin de retenir d’autres infractions et d’éviter que l’entreprise ne se défausse en laissant condamner un individu à sa place, le Réseau “Sortir du nucléaire“ a également cité EDF devant le tribunal. L’audience (...) au tribunal de police de Tours, [a] pour [but d’]étudier quatre infractions en tout.

Une centrale dangereuse et vieillissante à fermer d’urgence

Ces dysfonctionnements n’ont malheureusement rien d’exceptionnel de la part d’une centrale qui a été placée durant cinq ans en surveillance renforcée par l’ASN et demeure aujourd’hui « sous surveillance particulière spécifique ». Traduisant d’importants problèmes organisationnels, ils révèlent un inquiétant mépris tant pour la « sûreté » que pour les travailleurs.

Dans ces conditions, la prolongation de la durée de fonctionnement de la centrale engagée par EDF s’annonce particulièrement mal. À ces dysfonctionnements résultant d’une conduite chaotique des travaux [1], va s’ajouter le vieillissement des équipements. Certains, déjà obsolètes, ne sont pas remplacés [2] ni remplaçables ni réparables. Plutôt que d’engloutir des milliards dans le rafistolage des réacteurs, la sagesse exigerait de fermer au plus vite cette centrale vieillissante.

Le Réseau “Sortir du nucléaire“ et le groupe local Sortir du nucléaire-Touraine espèrent une condamnation sévère d’EDF. Les associations appellent à un pique-nique devant le Palais de justice de Tours, place Jean Jaurès, le 11 octobre à partir de midi. Un point presse aura lieu devant le tribunal à 13h15.

Pour en savoir plus : Consulter le rapport d’inspection de l’Autorité de Sûreté nucléaire

Lire le dossier de plainte et notre article : Centrale nucléaire de Chinon : une visite décennale sous haute tension

Notes

[1Ces problèmes organisationnels n’ont pas cessé, comme en témoignent d’autres lettres d’inspection rédigées ultérieurement : « …les inspecteurs ont constaté un certain relâchement concernant la qualité des dossiers d’interventions présentés (analyses de risques non homogènes sur des chantiers identiques, dossiers de suivi d’intervention incomplètement renseignés, régimes de travail radiologiques incomplet...) » (lettre du 30 juillet 2015) ; « la gestion des dossiers de suivi d’intervention doit être plus rigoureuse » (lettre du 4 juillet 2016)…