Dispositif hivernal d’hébergement d’urgence : réaction de l’association Chrétiens Migrants

Communiqué de l’association Chrétiens Migrants en réaction à l’article de la Nouvelle République publié sous le titre « Hébergement d’urgence :Le Dispositif pour l’Hiver 2015 et 2016 est prêt ».

Les services de l’État proclament ces jours-ci [1] qu’ avec leurs sous-traitants (Croix-Rouge, Entraide ouvrière, Secours catholique, Émergence, La Barque), « tout est rodé » pour mettre en place « un dispositif efficace pour l’accueil et l’hébergement d’urgence pendant la période hivernale [2] ».

Le préfet Louis Le Franc relève, lui, qu’en dépit du fait qu’il « refuse quelque 70 personnes chaque jour, faute de solution d’hébergement à leur proposer (...) », le 115, plaque d’aiguillage gérée par l’Entraide ouvrière, a « bien fonctionné les années précédentes » puisqu’il n’y a « pas eu de cas de détresse ».

Chrétiens Migrants constate que la réalité n’est pas aussi belle. Mercredi 4 novembre, 2 mineurs isolés, 8 femmes étrangères et 3 enfants n’ont pas été logés, et depuis des mois l’association ne peut plus aider les nombreux hommes seuls qui demandent de l’aide.

N’est-ce pas une détresse que de devoir coucher dehors avec ses enfants ?

Cet été, pendant 2 mois et demi, quarante personnes (des familles, des femmes seules avec des enfants en bas âge, des personnes malades et handicapées) qui campaient au Sanitas ont été laissées à l’abandon par les pouvoirs publics et leurs sous-traitants. Dispersées par la police le 31 août à l’aube, plusieurs familles n’ont jamais été relogées durablement.

Chrétiens Migrants trouve aussi particulièrement indigne qu’un responsable associatif insinue que la majorité des appels au 115 proviennent de déboutés du droit d’asile, et de personnes sous le coup d’une expulsion locative, ajoutant :

« Plus il y de places disponibles, plus les demandes affluent. Comme un appel d’air. »

Une rengaine ressassée dans tous les « café du Commerce » de France où l’on peut trouver des xénophobes ordinaires.

Nous pensons qu’il n’est pas bien décent de tenir de tels propos ou de claironner une telle auto-satisfaction quand chacun sait qu’il manque à Tours 200 à 300 places d’hébergement d’urgence (voir détail ci-joint) et que, selon la loi, tous les sans-abris doivent être hébergés.

Alors, pour les pauvres, les sans-droits, les sans-papiers et tous les les sans-abri de notre ville,

  • à l’exemple de ce qui a été possible pour accueillir les 173 chrétiens d’Orient cette année, et compte tenu du fait que ces dernières semaines des dizaines d’appartements dument recensés ont été offerts par les communes pour l’accueil potentiel des réfugiés syriens,
  • avec la Conférence des évêques de France qui encourage la communauté catholique à se mettre au service de chaque famille exilée nouvellement arrivée ou déjà présente sur le territoire en poursuivant notre engagement au service de tous les autres migrants et personnes en grande précarité comme celle-ci le recommande,
  • avec le maire de Tours qui proclame pour l’ouverture de l’année Saint-Martin que : « Nous sommes une terre d’accueil et de partage, et voulons que celle-ci soit une terre d’avenir pour les réfugiés et leurs enfants »,

nous affirmons qu’il est possible que personne ne couche dehors cet hiver à Tours.

Illustration : maraude de la Croix Rouge à Paris, par Jérôme Haller.