Rappel pour ceux qui ont raté le début de l’histoire : en 2003, dans une émission animée par Marc-Olivier Fogiel, Dieudonné joue un sketch déguisé en colon israëlien, qu’il termine par un salut fasciste ponctué d’un « Isra-heil ». Ce sketch lui aurait valu de devenir la cible d’un lynchage médiatique organisé [1], ce qui justifie d’après ses défenseurs toutes les provocations et tous les discours qui ont suivis. Des discours violemment antisémites, qui donnent à ses spectacles des airs de meetings politiques racistes.
Sur l’antisémitisme de Dieudonné
Comme l’explique le site Slate, « "glisser une quenelle" consiste à placer sa main ouverte sur son bras opposé, à allonger ce dernier pour faire un signe dont la signification est explicite ». Inutile de se demander si, oui ou non, la quenelle est un salut nazi inversé. Ce qui est certain, c’est que ce geste soi-disant subversif imaginé par Dieudonné a, pour une bonne partie de ses fans, un sens clairement antisémite. Pour s’en convaincre, il suffit de consulter cette page de blog qui référence des dizaines de photographies montrant des individus réalisant une quenelle (sic) devant des lieux de mémoire juifs ou autres lieux faisant penser, parfois seulement phonétiquement, à la judéité : mémorial de la Shoah à Berlin, camp de concentration d’Auschwitz, esplanade David Ben Gourion, musée juif de Sydney, « rue des rabbins », « rue de la Juiverie », « Synagogue street », « rue des déportés »... Impossible de prétendre que le geste n’est pas raciste – ou qu’il se limite à une dénonciation de la politique de l’Etat israélien.
Autre illustration du délire antisémite de Dieudonné et de ses fans : sa chanson « Shoananas », reprise en cœur dans ses spectacles, et qui explique les images d’ananas déclinées à tous bouts de champs — notamment pour masquer les visages d’individus effectuant des quenelles. Cette chanson, sur l’air de Chaud cacao d’Annie Cordy, a pour seul but de tourner en dérision le massacre des juifs pendant la deuxième guerre mondiale. En 2012, cette chanson avait valu à Dieudonné une condamnation d’un montant de 20000 euros pour provocation à la haine.
Dieudonné et l’extrême-droite
Evidemment, ce type de provocations antisémites a permis à Dieudonné de nouer de nouvelles amitiés. On peut notamment citer Jean-Marie Le Pen, parrain de l’une de ses filles [2], et Alain Soral, tous deux adeptes de la quenelle.
Dieudonné est également allé échanger avec le skin néo-nazi Serge Ayoub à propos de l’assassinat de Clément Méric ; à noter que la page Facebook de soutien au meurtrier de Clément Méric a arboré une quenelle pendant un certain temps.
Le Vinci, pas gêné
France Bleu Touraine indique, à propos de la venue de Dieudonné à Tours le 10 janvier, que « du côté des organisateurs, on ne se formalise pas trop des blagues de Dieudonné et de ses six condamnations pour propos à caractère antisémite » [3]. Parmi les « blagues » de Dieudonné, on peut mentionner l’une de celles présentes dans son nouveau spectacle :
« Moi, tu vois, quand je l’entends parler, Patrick Cohen, j’me dis, tu vois, les chambres à gaz… Dommage. » [4]
Cette sortie est immonde, mais pour Denis Schwok, en charge de la programmation du Vinci, « il faut le prendre dans le sens de l’humour ». En effet, pour lui, « ça suffit de tout interdire ! On peut plus parler, on ne peut plus rien dire. » Merci Denis. En effet, la parole raciste n’a jamais assez d’espace pour s’exprimer, et il était nécessaire de lui donner une tribune supplémentaire. En particulier si ça peut rapporter du pognon — la place coûte 43 euros. Signalons que, d’après la NR, la ville de Tours a versé 1,942 millions d’euros de subventions au Vinci en 2012. L’antisémitisme financé par vos impôts, au nom de l’humour, évidemment.