« Des efforts, nous en faisons déjà depuis plusieurs années et nous réclamons des moyens ! »

Alors que le premier ministre et le ministre de la Santé sont attendus au CHU de Tours le 2 avril, le syndicat FO Santé d’Indre-et-Loire a tenu à réagir aux annonces d’Emmanuel Macron le 31 mars. Communiqué [1].

Suite aux annonces présidentielles du 31 mars, nous, soignants, devons encore « faire des efforts ». Nous répondons que les efforts nous en faisons déjà depuis plusieurs années et nous réclamons des moyens !

Le personnel hospitalier, tous grades confondus, est au bord de la fracture ; aujourd’hui cela tient avec les plans blanc et bleu (qui permettent une déréglementation du temps de travail et des affectations sans formation automatiques) déclenchés dans les établissements de santé. Les heures supplémentaires sont devenues la seule manière de pallier aux manques, mais nous ne pouvons continuer ainsi car le corps a ses limites, courir après un salaire décent par ce biais n’est pas une reconnaissance ! Les conditions de travail sont devenues tellement insoutenables que les départs du personnel ont flambé de manière exponentielle ! Quand la direction veut bien nous attribuer des renforts, ils ne pallient qu’aux remplacements des agents en arrêt… Ce ne sont pas des personnels supplémentaires pour pallier à la suractivité !

Quant aux congés, ceux-ci sont réduits au plus strict minimum de la loi et encore…Quand la loi nous autorise, notre direction, elle, n’y voit donc pas d’obligation et s’en affranchit comme elle le fait par exemple pour notre santé : pas de médecin du travail, mais pour ce qui est des contrôles, la direction ne peine pas à en trouver et les multiplie, ce qui ne fait qu’augmenter la colère et l’envie de quitter ce métier.

« Nos gouvernements successifs ont supprimé plusieurs milliers de postes essentiels dans les hôpitaux. »

Ce gouvernement, qui aujourd’hui parle d’augmenter sensiblement nos capacités d’accueil en réanimation, et par la même provoquer des mouvements de personnels et nombre de déprogrammations, est responsable de la suppression de plus de 7 000 lits entre 2018 et 2019. Pour l’instant ! Au final la population n’a plus la santé de garantie. Peut-on applaudir ? Non ! Des milliers de personnes auraient pu bénéficier de soins ou d’interventions et vont devoir attendre. Ce qui laissera des traces, notamment sur le plan psychique, d’où les grèves récentes dans ces secteurs. Durant ce temps, la cinquième puissance mondiale a fait le choix du CAC 40 plutôt que celui de la création de lits et de la formation des personnels. Certes, nous avons de très beaux services reconnus pour leurs travaux, mais c’est l’arbre qui cache la forêt.

Au gouvernement de faire des efforts, de pallier aux manques, d’anticiper les crises… À ce jour, c’est toujours la politique de restriction qui a primé. Les soi-disant déficits des hôpitaux sont en fait des manques de rentrées d’argent, les directions des hôpitaux ne font qu’appliquer les politiques menées par le ministère et les ARS… Au CHRU de Tours, le plan Copermo (suppression de lits et de personnel) n’est pas remis en cause tout comme à l’hôpital de Chinon où l’on continue de supprimer des postes [2] ! À Loches, une politique restrictive est menée alors que des investissements sont nécessaires !

L’enveloppe de 524 millions pour la Région sera distribuée et comblera les déficits à condition de faire encore des efforts (comprendre « suppression de postes »). Cette enveloppe ne règlera rien tant que le problème de base c’est-à-dire l’ONDAM [3] et la T2A [4] subsistera. L’année prochaine verra le retour des déficits…

À la veille de la journée mondiale de la santé il ne fait pas de doute que la bataille de défense de nos lits, de nos hôpitaux, qui doit être menée nationalement, est une urgence de premier ordre !

Notes

[1Le communiqué peut être téléchargé en cliquant ici.

[2Au CHU de Tours, la fermeture de 360 lits est programmée d’ici 2026.

[3L’objectif national des dépenses d’assurance maladie, généralement désigné par son acronyme Ondam, est un dispositif de la Sécurité sociale en France qui fixe les autorisations estimatives de certaines dépenses des branches « assurance maladie » et « accidents du travail ».

[4La tarification à l’activité est un mode de financement des établissements de santé français issu de la réforme hospitalière du plan Hôpital 2007, qui visait, selon ses promoteurs, à médicaliser le financement tout en équilibrant l’allocation des ressources financières et en responsabilisant les acteurs de santé.