Le colibri ne fait pas de politique, faire sa part le dédouane d’office. Et le pire, c’est que le discours colibriesque fait un carton : le mouvement de Pierre Rahbi compterait 300 000 membres et plus d’une centaine de groupes locaux.
Cette vision individualiste et déculpabilisante permet à chacun.e de naviguer au milieu des pires systèmes d’oppression tout en se préservant une certaine pureté morale. C’est pourquoi elle est plébiscitée par le public... et sponsorisée par les pires pollueurs. Ces derniers y trouvent de quoi laver leur honneur, détourner l’attention et faire du pognon en inventant toujours plus de services et de gadgets éco-trucs à vendre.
N’en déplaise aux éco-citoyen.nes, on ne rachète pas si facilement son empreinte carbone. Jean-Baptiste Comby, sociologue, rappelle dans son ouvrage que la pression qu’exerce un foyer sur l’environnement dépend de ses revenus et non pas de son niveau de conscience écologique. Bah oui, tous les éco-gestes mis bout à bout ne compenseront jamais la semaine de vacances passée sous les tropiques, quand bien même on la passerait dans un éco-lodge à chier dans la sciure. Selon le sociologue, cette morale écocitoyenne sert un enjeu politique qui est de « masquer les inégalités, en confortant les styles de vie les plus prédateurs et en maintenant les privilèges symboliques et moraux de la petite bourgeoisie. » En réalité les inégalités face à la pollution se creusent pour deux raisons : l’externalisation des nuisances, à l’instar des quartiers bourgeois qui se gardent les espaces verts tandis que les centres commerciaux et les usines vont en périphérie ; et la recherche toujours plus aiguisée d’un bien-être environnemental pour les plus aisé.es.
Lire l’intégralité de l’article sur le site du journal La Brique : Cyril Dion : coli-briseur de l’écologie radicale