Contre le projet de méga transformateur en Aveyron, soutien à l’Amassada

En Aveyron, l’Amassada a été créée en opposition à un de ces grands projets de l’énergie : un méga-transformateur de RTE. Elle a subi une expulsion ce mardi 8 octobre. Centrales nucléaires à foison par ici, imposantes lignes THT pour canaliser toute cette énergie, maillage de la France par un réseau sur lequel aucune prise locale n’est possible … La production d’énergie se fait aujourd’hui sans aucun ancrage, sous centralisation d’un pouvoir qui veut s’imposer partout.

L’Amassada est née de la résistance contre le projet de transformateur électrique porté par RTE (Réseau de Transport d’électricité, filiale de EDF) à Saint-Victor et Melvieu, en Aveyron. Les transformateurs sont des éléments essentiels dans la circulation de l’énergie de haute puissance. Plus précisément, ils permettent de changer la tension de l’électricité transportée : depuis les lignes THT où elle circule à 225 000 volts ou 400 000 volts, elle peut ensuite passer dans les réseaux de distributions à 63 000 volts (ce qui reste classé « haute tension » pour RTE).

Le transformateur RTE prévu à Saint Victor et Melvieu se situerait sur un axe majeur du transport nord-sud de l’électricité en France, ainsi que sur le chemin de transports vers l’Espagne. Il serait par ailleurs associé à d’immenses parcs éoliens.

Bref historique de l’Amassada

En 2010, deux conseillères municipales apprennent incidemment que ce projet de transformateur électrique de dix hectares est prévu sur « la plaine » au dessus du village. Le dossier de présentation du projet existait depuis 2009, caché dans un tiroir de la mairie. Des maires des localités avoisinantes, la Chambre d’Agriculture, la Direction Régionale de l’Industrie (DREAL) et la préfecture de l’Aveyron s’étaient prononcés en faveur de ce méga-transfo, lors d’une réunion plénière tenue à huis clos, sans jamais demander l’avis des habitant.es du village.

En réaction, se crée l’association « Plateau survolté » : collectif pour la sauvegarde de la biodiversité et contre la construction d’une zone électro-industrielle. En 2014, des habitant·es présentent une liste contre le transformateur aux élections municipales et l’emportent. Lors du premier conseil, l’équipe votera contre le projet à 9 voix et 2 abstentions.

Le but de ce transformateur est de collecter et distribuer les nouvelles quantités d’électricité produites par l’éolien industriel principalement. Le coût minimum du projet est de 75 millions d’euros, pour un espace clôturé occupant 5 à 7 hectares. La surface à défricher et à déboiser serait d’environ 7 000 m² et le volume des déblais à évacuer de 110 000 à 160 000 m3. Sont prévus quatre kilomètres de lignes électriques aériennes de 400 000 volts comportant seize pylônes de 20 à 45 mètres de hauteur et deux lignes de 225 000 volts.

Certain·es habitant·es de la région décident alors de peupler ces terres à défendre. C’est dans ce contexte que s’est bâtie l’Amassada – l’assemblée en occitan, une cabane construite sur les terres convoitées par RTE pour ce méga-transfo, le 21 décembre 2014. Située stratégiquement au carrefour des infrastructures électriques, sa position empêche la construction d’un nouveau nœud du réseau sur un des axes majeurs nord-sud du transport d’électricité.

Répression, expulsion, ré-occupation

L’Amassada était surveillée de près. Un certain nombre des opposant·es sont interdits de séjour dans une zone plus ou moins large autour de la Plaine. Une amende d’astreinte de 2 000 euros par jour par personne avait été imposée début 2019, levée suite à un procès gagné au printemps et de nouveau imposée (avec passage à 500 euros par jour et par personne) lors de l’appel gagné par RTE…

Dans la semaine du 1er octobre, les occupant·es ont vu les gendarmes mobiles se concentrer aux alentours de l’Amassada. L’expulsion a eu lieu ce mardi 8, à partir de 4h du matin environ, à grand renfort de GM et de blindés, le tout voulant aplatir aussi vite que possible ce que signifie ce lieu, les quelques cabanes construites sur la plaine, les potagers et toutes leurs tomates ainsi que les chatons qui avaient là leur maison.

Les occupant·es appellent maintenant à converger sur Saint-Victor et Melvieu et à reprendre les terres de la Plaine. Les prochains RDV des temps forts sont :

  • vendredi 11 octobre, rassemblement à Saint-Affrique à 10h place de la mairie
  • samedi 12 octobre, rassemblement à Saint Victor à 14h.

Si vous ne pouvez pas vous rendre sur place, organisons-nous localement pour montrer notre soutien à l’Amassada et notre opposition aux grands projets du même type : contactez nddl37@riseup.net. Pour suivre les événements à l’Amassada et la lutte : https://douze.noblogs.org  ; amassada@riseup.net.

Illustration : Collectif Auto Média Enervé.