Au Mans, des femmes seules et un couple mis à l’abri dans les locaux de l’université

Depuis le 21 mai, des femmes seules et un couple occupent les préfabriqués de l’UFR de Sciences de l’université du Mans. Une dizaine de personnes sont ainsi logées depuis presque une semaine dans ces locaux pour pallier aux manquements de la Préfecture. Lettre ouverte au Préfet adressée par la Ligue des droits de l’Homme.

Monsieur le Préfet,

Nous tenons en urgence, à vous faire part de notre inquiétude devant la dégradation de l’accueil des personnes sans résidence stable d’origine étrangère, particulièrement des femmes, qui se présentent à nos permanences.

Depuis plusieurs semaines, plusieurs dizaines de personnes seules et quelques familles avec enfants se retrouvent certains jours sans solution d’hébergement ou de mise à l’abri pour la nuit. Force est de constater que, malgré l’ouverture d’un accueil de jour comme de nuit par la ville du Mans et l’ouverture maintenue, la nuit, du foyer le Flore, les capacités d’accueil de l’urgence sociale sont sur la Métropole insuffisantes pour répondre aux besoins constatés.

Des femmes seules livrées aux violences

C’est ainsi que les semaines passées, des femmes seules ou enceintes se sont retrouvées à passer plusieurs nuits dans la rue livrées aux violences inhérentes à la situation extrême dans laquelle elles se trouvent. Les paroles et témoignages recueillis ont provoqué chez tout.e.s les militant.e.s et bénévoles beaucoup de colère, une femme a subi une agression sexuelle, une autre qui s’était vu proposer par un « passant » un hébergement provisoire s’est vu contrainte à des contreparties totalement inacceptables que le code pénal pourrait qualifier de viol. Mais pour ces quelques témoignages, combien d’autres invisibles, combien de violences passées sous silence.

Les violences d’une vie dans la rue sont aussi sexuées. Nous sommes dans l’obligation de constater le décalage entre l’affirmation de la grande campagne nationale « Violences sexuelles, l’État vous protège » et les non réponses aux appels au 115. Ces carences dans l’obligation de proposer à toute personne en situation de détresse une solution d’hébergement constituent de graves mises en danger, particulièrement pour les plus vulnérables.

Refusant de laisser ces femmes aux dangers de la rue, nos associations leur ont proposé, cette fin de semaine, avec l’accord de la Mairie du Mans, une mise à l’abri temporaire à la maison des associations. Si ces carences devaient se poursuivre, nous devrons agir par tous les moyens possibles pour qu’aucune famille, enfants ou femmes seules se retrouvent dans la rue.

Monsieur le Préfet, lors d’une rencontre avec les associations concernées le 15 septembre 2017, vous aviez vous même évoqué, en raison de vos responsabilités premières sur la question de l’hébergement, la possibilité de réquisitionner des bâtiments pour mettre fin à la persistance de personnes à la rue. L’urgence appelle, maintenant, des réponses fortes et immédiates face aux dangers divers auxquels sont soumises les personnes en cause.

Aucune famille ne devrait avoir à quitter son logement Cada ou Huda sans se voir proposer une solution d’hébergement durable et pérenne, aucune femme seule ou enceinte, aucun enfant ne peut se voir condamner à errer dans les rues de notre ville ne serait-ce qu’une nuit. Le respect des droits fondamentaux de la personne ne peut souffrir aucune exception. C’est pourquoi, solennellement, aujourd’hui nous vous demandons de prendre toute mesure utile pour que cesse de manière durable cette situation.

Prêts à vous rencontrer si vous le souhaitez et dans l’attente de vos décisions, nous vous assurons, Monsieur le Préfet, de l’assurance de notre profond respect.