Près de 2 500 migrants ont été évacués vendredi dernier de campements installés depuis plusieurs semaines porte de La Chapelle, dans le nord de Paris [1]. Ces migrants ont été « triés » et répartis dans différentes structures, en fonction de leur situation administrative.
Les pratiques évoluent aussi dans les CAO (Centres d’Accueil et d’Orientation) de Touraine : plusieurs migrants de ces structures ont été récemment orientés vers des établissements similaires, à Pithiviers, Bourges, etc. pour être remplacés par de « nouveaux » arrivants. Un simple jeu de chaises musicales ou un moyen d’insécuriser encore plus cette population ?
Plus grave, plusieurs migrants du CAO de St Pierre ont été récemment assignés à résidence (pointage au commissariat durant 45 jours) [2], avant que la préfecture ne leur remette des billets de train et avion vers le dernier pays qui les a « enregistrés » avant leur entrée en France (Italie pour les uns, Allemagne ou Autriche pour les autres…). Il est clair que pour des réfugiés déjà déboutés de leur demande d’asile, c’est la garantie d’une 2ème expulsion directe vers leur pays d’origine. En n’obtempérant pas, ces réfugiés déclarés « en fuite » en France peuvent être placés en centre de rétention et expulsés, lors d’un simple contrôle d’identité ou d’une descente de police dans leur lieu d’hébergement.
Le Collectif migrants de St Pierre-Des-Corps, soutenu par le Collectif Albert Thomas, s’insurge contre cette politique de « tri » et d’expulsion mise en œuvre par le gouvernement. Une telle politique peut conduire à un renvoi massif de migrants, pour toutes sortes de raisons et en s’abritant derrière des réglementations communautaires, même comme nous le vérifions aujourd’hui à Tours, si cela concerne des réfugiés qui ont subi des persécutions dans leur pays d’origine. L’Union Européenne considère par exemple que l’Afghanistan est dorénavant un pays « sûr » (nous en doutons fortement) et n’hésite pas à renvoyer des réfugiés afghans vers ce pays. Et la France, un pays d’accueil ?
Illustration : CAO et CHU gérés par la société d’économie mixte ADOMA, 215 avenue Stalingrad, 37700 Saint-Pierre-des-Corps.