A Fidelia, de choc acoustique en choc acoustique, les salariés trinquent toujours

Le 23 mai, une cinquantaine de salarié-es de Fidelia, la société d’assistance automobile du groupe COVEA (MAAf, MMA, GMF), a cessé le travail suite à une nouvelle vague de chocs acoustiques, malgré les pressions de la direction de l’entreprise.

Depuis le 9 mai dernier, au moins douze nouveaux chocs acoustiques ont été enregistrés sur la plateforme d’appel de Fidelia à Tours. Autrement dit à une fréquence encore plus rapide que l’hiver dernier, quand les salariés s’étaient mobilisés contre ces atteintes à leur santé ! En plus des différents symptômes habituels tels que la nausée et les vertiges, un saignement de tympan a été constaté par le CHRU de Tours et au moins un tympan a été percé. Une fréquence supérieure et des dégâts qui ne vont pas en s’amenuisant. Parmi les victimes, une femme enceinte à qui la hiérarchie aurait explicitement recommandé de ne pas utiliser son droit de retrait.

En février dernier, une centaine de salariés avaient exercé leur droit de retrait. Depuis, les choses ne se sont pas arrangées : en cause, l’attitude de la direction, prête à tout pour maintenir des chiffres satisfaisants (en particulier l’articulation appels reçus et appels pris [1]), quitte à sacrifier la santé de son personnel. A la suite de nombreuses pressions de la part de la hiérarchie, répétant à l’envi qu’il n’y avait aucun risque et que toute personne utilisant son droit de retrait pouvait être sanctionnée (avec la possibilité de se faire renvoyer), les prises d’appel avaient repris. Non sans plusieurs arrêts de travail et mesures disciplinaires (plusieurs personnes ont ainsi reçu des avertissements [2]). Et comme le principe de la double peine ne semble pas gêner outre mesure l’entreprise, la direction a même décidé de ne pas rémunérer les journées pendant lesquelles les salariés avaient utilisé leur droit de retrait (certains ont ainsi perdu plus d’une semaine de salaire) [3].

A la suite des nouveaux cas survenus en mai, et malgré les menaces de sanctions de la direction, les chargé-es d’assistance présent-es sur le site ce mercredi 23 mai ont décidé de débrayer. Plus de la moitié du personnel présent, soit une cinquantaine de personnes, a cessé le travail et s’est retrouvée à l’extérieur des bâtiments. Au même moment, et indépendamment de ce qui était en train de s’organiser, le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) du site de Tours, considérant la situation comme dangereuse pour les salariés, prenait la décision de relancer un droit d’alerte. Mis au courant dans la foulée, et après discussions et débats, les débrayeurs ont alors collectivement décidé d’user de nouveau de leur droit de retrait, en dépit des risques encourus. Un mail contenant l’ensemble des revendications a été par la suite envoyé à la Direction :

Monsieur le Directeur,

Nous, salariés de fidélia Tours, débrayons aujourd’hui pour :

  • Le manque d’information sur les derniers chocs acoustiques ;
  • La détresse psychologique et le manque d’accompagnement depuis ces incidents ;
  • Revendiquons le droit à un système de protection mieux adapté et performant (changement casque/boitier) ;
  • Reconnaitre l’exercice légitime du droit de retrait qui reste le seul moyen de garantir notre sécurité ;
  • Des postes supplémentaires pour pallier à l’activité importante.

Les salariés en débrayage.

Les salariés sont désormais dans l’attente de ce que va décider l’entreprise : continuer à nier l’évidence, à savoir qu’à Tours les salariés sont bien en danger lors de la prise d’appel, ou à l’inverse, agir en conséquence en changeant, par exemple et a minima, l’ensemble du matériel téléphonique.

Notes

[1C’est qu’une partie des revenus de l’entreprise est directement inféodée, par contrat, au maintien d’un taux décidé en amont, indifféremment des aléas saisonniers.

[2Une consultation auprès d’un avocat est en cours pour faire enlever les différentes sanctions.

[3Une consultation auprès d’un avocat est là-aussi en cours pour évaluer la légalité de cette pratique.