L’appel à manifester a circulé massivement sur les réseaux sociaux. Le rendez-vous était donné devant le palais de justice de Tours, à l’heure où un rassemblement similaire était organisé devant le tribunal de Paris par le collectif Vérité pour Adama [1]. La foule est jeune, de nombreuses pancartes ont été improvisées. Rapidement, plusieurs centaines de personnes sont rassemblées, la circulation sur la place Jean Jaurès est bloquée. L’émotion provoquée par la mort de George Floyd à Minneapolis, les images des mobilisations dans les grandes villes américaines, le racisme et la violence systémique de la police française, la force de mobilisation du collectif Vérité pour Adama expliquent certainement le succès de ce rassemblement.
Vers 19h50, des fourgons de la compagnie de sécurisation de Tours débarquent sur la place. Les flics sortent équipés de casques et de boucliers. Les manifestant-es posent un genou à terre, reproduisant la posture symbolique qui s’est propagée dans les rassemblements qui se déroulent depuis quelques jours aux États-Unis [2], lèvent le poing, et scandent : « Pas de justice, pas de paix ». En moins d’une minute, les policiers déployés remontent dans leurs camionnettes et font demi-tour. On ne les verra plus.
« Ni oubli ni pardon »
À 20h, les manifestant-es partent en cortège le long de la rue Nationale. Arrivé-es aux abords de la place Anatole France, décision est prise de se diriger vers le commissariat central de la ville [3]. Alors que les abords du comico sont régulièrement bloqués lorsque des manifestant-es s’approchent, la rue Marceau est parfaitement dégagée : pas un flic à l’horizon. Devant les portes fermées du commissariat, la foule scande « Justice » et « Ni oubli ni pardon ». Sur les pancartes, on lit des hommages à George Floyd, à Zyed Benna et Bouna Traoré, morts en fuyant la police à Clichy-sous-Bois en 2005, à Adama Traoré... Des « Black Lives Matter » et des parallèles entre les crimes policiers aux Etats-Unis et en France. Ainsi qu’un « Fuck le 17 » qui fait écho au « Fuck 12 » scandé par les manifestant-es américain-es.
Après ce passage devant le commissariat, le cortège repart en chantant « Police partout, justice nulle part ». La manifestation repasse place Jean Jaurès, descend l’avenue de Grammont et traverse le Sanitas. Il reste encore beaucoup de monde. Aux fenêtres, de nombreux habitant-es applaudissent la manifestation. Enfin, le cortège revient devant le palais de justice, place Jean Jaurès. Une partie des manifestant-es s’allongent, ventre contre le sol, mains derrière le dos, mimant la position d’une personne immobilisée par la police. Un dernier cri retentit, puissant : « I can’t breathe » [4], les derniers mots prononcés par George Floyd.
Photos : Yoan Jäger, yoanjagerfoto@gmail.com.